Chapitre VIII

Je dormis neuf heures et me réveillai avec un irrésistible désir de… Terminez la phrase si vous êtes jeune ou si vous vous souvenez de l’avoir été.

Les excès amoureux donnent plus d’entraînement que de lassitude et sont moins difficiles à recommencer le lendemain que la semaine suivante. Tout le monde sait cela. Je me sentais donc assez en forme. Pour parler comme le patriarche aimé de Ruth, ce fut un « matin triomphant » ; mais si triomphant qu’il fût, je ne le trouvai point agréable, car un irrésistible désir de… Ne me comprenez-vous pas ? Si vous avez lu page à page les sept chapitres précédents, vous devinez ce qu’il me fallut à l’heure où commençait le huitième.

Baigné, rasé, coiffé, habillé, en un peu plus de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, mais aussi vite que possible, je me précipitai chez une des vingt amies intimes que je me connaissais au Quartier latin. Elle se trouvait seule par bonheur. Comme elle n’était vêtue que d’une chemise, elle eut plus tôt fait de l’enlever que moi de dénouer ma cravate. Tant que les jeunes femmes ont de jolis seins, les chemises leur pèsent.

Mais elle s’alarma de mon agitation.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu veux ?

— Ma petite Margot, j’ai envie de faire l’amour.

— Moi aussi. Alors !… avec des protections dans le gouvernement, on pourra peut-être coucher ensemble.

— Envie… mais à crier ! de faire l’amour par-devant, ma petite Margot ! par-devant !

— Par-devant ?… mais j’espère bien !

— Par ici, tu vois ? Par ici. Tu as bien compris ? Pas par là.

— II est complètement maboul », dit Margot d’un air égaré.

Elle se rassura peu à peu, tandis que son étreinte me donnait le soulagement que j’étais venu chercher dans ses bras : le délicieux verre d’eau fraîche qui désaltère de l’alcool. Encore hanté par l’obsession de mon aventure, je tâtais de la main, je ne pouvais pas croire que cette fois, enfin… mais la simple Margot ne s’était pas trompée. Jamais elle n’a su, depuis, tout le plaisir que j’avais pris d’elle.


Le soir, je rentrai seul, pourtant. J’avais quelque dessein d’écrire.

Comme j’achevais de me déshabiller, on frappa vivement à ma porte. J’ouvris : c’était, à ma stupeur, Teresa, en peignoir rose, avec une fleur dans les cheveux.

Encore mal remis de ce que j’avais vu la veille, je la pris par le bras et, l’amenant jusqu’à ma chambre :

« Ah toi ! m’écriais-je, tu les entendras, les mots que je ne voulais pas dire à Charlotte ! C’est toi qui es la dernière des salopes ! la dernière des putains ! la… »

Elle éclata de rire ; et, avec le ton que prend une femme de trente-six ans parlant à un jeune homme de vingt ans, elle me dit :

« Ta bouche, mon petit ! on t’en foutra des aventures pour les remerciements qu’on en reçoit ! Tu encules mes trois filles, tu encules leur mère ; nous nous relayons à quatre pour te faire tirer sept coups, et le lendemain, quand tu me vois, tu cherches un nom d’oiseau, tu m’appelles putain ?

— C’est que…

— Je ne suis pas une toquée comme Charlotte, moi, je ne me branle pas devant ta queue et j’ai pas besoin que tu m’appelles putain pour que je décharge.

— Mais aussi…

— Et puis, je le sais bien que je suis une putain, par le con, le cul et la bouche ! Et puis, je m’en fous ! Et puis… »

Que Teresa eût retenu ici, juste à temps et sur ses lèvres, la conclusion : « Et puis, je t’emmerde ! » cela n’était pas douteux. Sa réticence me montra qu’elle était décidée à ne pas se faire mettre à la porte. Je repris l’offensive.

« Qu’est-ce que c’est que cette manie que vous avez de vous faire enculer toutes les quatre ? C’est toi qui as -dressé tes filles et qui leur as donné ce goût-là ?

— Et à moi ? Qui est-ce qui me l’a donné ? Tu ne t’es pas demandé ça, non ? Je ne l’ai pourtant pas inventé que toutes les femmes ont deux trous dans le cul et qu’elles font l’amour aussi bien par-derrière que par-devant ? Tu sais qu’avant d’être une mère, mon petit, j’ai été une fille. »

Elle rit. Elle me parlait debout, une main sur la hanche. Avec son peignoir, sa tête brune et sa fleur, elle avait l’air de jouer Carmen.

« Fille de qui ? » dis-je, assis près d’elle.

Pas de réponse. Elle souriait en me regardant et mordait de ses dents blanches une mèche qu’elle tenait à la main. Je ne savais à quoi elle pensait. Les jeunes gens ne sont que trop disposés à croire que les femmes veulent sans cesse coucher avec eux. Même quand elles frappent chez eux à minuit, leurs desseins parfois ne sont pas si simples. Je répétai :

« Fille de qui ?

— Crapule ! tu seras content si je te dis : “fille de putain” ?

— Oui, je serai content », répondis-je pour l’exciter à parler.

Elle continua pourtant de me regarder avec le même sourire un peu agacé, puis se décida :

« Je suis née dans une famille d’acrobates italienne où il y avait quatre femmes : maman et ses trois sœurs plus jeunes qu’elle.

« Sois content : elles étaient un peu putains toutes les quatre et toutes très jolies ; mais beaucoup plus gousses que putains. Jamais je n’ai vu quatre garces enragées de se lécher le cul comme étaient maman et mes tantes. Dès qu’elles avaient une heure de liberté entre elles, je les voyais se foutre à poil, et ça se dévorait le chat, et ça gueulait comme des putois, et ça jutait si fort qu’il y en avait des mares sur les draps de lit.

« Quant aux hommes… Tu demandes pourquoi mes filles ne baisent pas ! Je n’ai jamais vu baiser maman ni ses sœurs et je ne sais pas comment on m’a faite. Elles n’étaient pas putains comme moi, mais enfin de temps en temps il y en avait une qui ramenait un homme, et penses-tu qu’au cirque on peut être enceinte ? On avait l’embarras du choix pour les enculer. C’étaient quatre paires de fesses qui avalaient bien la queue. Mais par-devant, elles ne marchaient pas ; on appelait ça le côté des dames.

« Crois-tu qu’à sept ans j’avais jamais vu une femme faire l’amour autrement que par le trou du cul et que je ne savais pas ce que c’était que baiser ? Comme maman et ses sœurs étaient acrobates et disloquées, chacune d’elles pouvait se bouffer le chat elle-même et surtout ce qu’elles faisaient souvent, c’était de se plier en deux pour aller sucer les couilles des hommes qui les enculaient. Ça valait cinquante francs ce truc-là, quelquefois. Ou un lapin. »

Sur ce mot, elle interrompit son histoire à peine commencée, ôta son peignoir et le jeta en disant :

« J’ai chaud. »

Cette fois, elle était venue sans chemise. Nue subitement, elle vint s’asseoir par défi au bout du traversin :

« Tu me dégoûtes ! dis-je en détournant les yeux.

— Ha ! ha ! ha ! mais regarde-toi donc ! tu bandes comme un cheval.

— C’est bien malin ! Quand tu te mets toute nue sur mon lit ! Est-ce que ça prouve que je t’aime ?

— Il y en a, fit-elle gaiement, qui vous disent : “Je t’aime !” avec une pine molle. Toi, tu me détestes, mais tu bandes. C’est plus agréable pour une femme. »

Je devins très rouge. La nudité de Teresa était en effet pour moi un spectacle irrésistible. Mais je me sentais honteux que mon état physique vînt rendre impossible ou du moins ridicule le discours que je préparais mentalement depuis dix minutes ; et mon dépit fut tel que si l’Italienne s’était moquée de moi un instant davantage, mon désir involontaire ne m’eût pas empêché de crier ce que j’avais à lui dire.

Mais au lieu de railler mon désir, elle se mit à l’exaspérer.

Elle croisa les mains derrière la nuque pour bien montrer qu’elle ne m’attaquait pas et aussi pour dresser les seins, pour déployer les aisselles noires.

— Puis, les yeux mi-clos et d’une voix qui s’échauffait, elle eut une trouvaille, elle se dédaigna elle-même :

« Mes tétons ne bandent pas si bien, fit-elle.

— Tu ne sais pas ce que tu dis ! c’est ce que tu as de mieux. »

Devinant que je contredirais ses premières paroles, elle n’avait pas eu pour cela plus de peine à se faire flatter ; et elle insista, connaissant assez l’attrait de ses seins pour le mettre en cause :

« C’est ce qui te dégoûte le moins ? fit-elle en souriant. Drôle de forme, pourtant ! Regarde comme ils sont longs et larges. Ni en pomme, ni en poire, hein ? Ce sont mes tétons. Et quels bouts ! Vois-tu que je me teigne un jour en blonde avec ces cocardes noires ? Ces petits bonbons de réglisse ? Ces bouts de pines de négrillons ? Ha ! ha ! ha ! Sais-tu pourquoi mes tétons ne ressemblent à ceux de personne ? Ils sont mouchés parce que j’ai eu trois gosses ; mais ils sont pleins et ils se tiennent parce qu’au lieu de nourrir mes filles au sein, je les ai allaitées par le cul…

— Putain que tu es ! Ne me rap…

— Oui, ce sont des tétons de putain, dit-elle en m’interrompant avec volubilité. Et devant ces tétons de putain, tu as envie de débander depuis un quart d’heure et tu ne peux pas ! Tu n’as pas encore baisé entre ces tétons de putain ; mais tu y penses ! Je ne te les ai pas traînés sur les couilles, mes tétons de putain, mais tu devines ce que ça peut être. Et la dernière fois que tu as joui, quand j’avais ta queue dans le derrière, tu me les branlais des deux mains à la fois, est-ce vrai ? Et les sentais-tu ? Réponds ! Les sentais-tu bander, mes tétons de putain ?

— Tais-toi ! va-t’en ! je ne veux plus te voir ! je ne peux pas oublier ce que tu as fait ensuite ! »

Je mis la main sur mes yeux pour ne plus la regarder et je me renversai en travers du lit. Elle bondit sur moi.

C’était prévu ? Tout au contraire. C’était précisément ce que je n’avais pas prévu. Je ne me défiais ni de son désir ni de sa vigueur. En un instant, j’éprouvai l’un et l’autre.

Ma surprise les yeux fermés, ma posture terrassée d’avance et surtout la crainte que j’avais de blesser Teresa au cours de la lutte. Ces trois causes réunies me mirent knock-out avec une rapidité telle que je n’eus même pas le temps de me reconnaître.

« Tu vois comme c’est facile de violer un homme ! sourit Teresa.

— Putain ! répétai-je.

— Merci. »

Ce « merci » était une nouvelle trouvaille. La femme à qui j’avais vu faire… (mais je ne veux pas répéter ce que j’ai eu tant de peine à écrire en achevant le dernier chapitre), cette femme eut le toupet de soupirer merci sur un ton qui signifiait : « Vous n’êtes pas un galant homme. » Et moi, j’eus la naïveté de rougir, de couper court à mes injures, sans voir assez vite avec quelle prestesse elle avait renversé les rôles.

D’ailleurs, après ce mot douloureux qui accusait modestement l’atteinte faite à sa pudeur, Teresa continua de parler avec la même audace de mots. Elle était nerveuse, mais souriait.

« Ne te plains pas. Tu me baises. Tu me dépucelles. Le con d’une putain qu’on encule toujours, et qui ne s’est pas enfilé une queue depuis trois mois, tu sais comment ça s’appelle ? eh bien ! tu es dans mon pucelage. Tu ne me diras plus que je ne baise jamais ? Le soir où je te viole, je te prends par le chat. Es-tu content ? »

Elle restait solidement accouplée à moi, mais immobile, et ne me laissait pas bouger. Une minute lui suffit pour être certaine qu’elle m’avait dompté par son contact et que je ne sortirais pas de sa chair.

« Ce que j’ai fait à Charlotte… dit-elle.

— Non ! ne m’en parle pas maintenant !

— Au contraire ! je t’en parle quand tu bandes. J’ai eu tort de le faire quand tu venais de jouir pour la septième fois et que tu n’avais plus aucune envie de bander.

— Tu crois que si tu me le proposais maintenant… ? mais c’est absurde ! Plus tu te rends désirable, et plus cela me révolte que tu…

— Allons, calme-toi. Le plus grand service que j’aie rendu à mes filles, c’est de leur faire aimer le métier de putain. Charlotte est innocente comme une sainte. Je lui ai fait faire un costume de religieuse avec la guimpe et le chapelet ; ça trompe tout le monde, et il y a plus de cinquante hommes qui ont cru derrière sa jupe enculer une carmélite. Eh bien ! avoir une fille pareille et la dresser comme un chien savant à faire l’amour par le cul en ne se mouillant la liquette que si on l’appelle salope, tu ne trouves pas que ça mérite un applaudissement ? Et que, pour une fille d’acrobates, je saurais me débrouiller au cirque ?

— Tu es un monstre d’habileté ; mais tu l’as rendue folle, ta fille.

— Folle, parce qu’elle se branle du matin au soir sans se cacher ? Si elle était raisonnable, elle irait se branler dans les chiottes et se torcher le foutre au bout des poils avec du papier mousseline ? Tais-toi donc !… Elle était excitée la nuit dernière, c’est de ta faute, et quant à ce qui s’est passé… Quoi, enfin ? A-t-elle assez dit qu’elle voulait qu’on le lui fasse ? Alors, est-ce que je l’ai violée ?

— Non, mais…

— Et même si je l’avais violée, est-ce qu’elle en serait morte ? Je te viole, toi, en ce moment, je te viole, je me fais baiser de force. Es-tu à plaindre ? »

Pendant toute cette petite scène qui me sembla interminable, Teresa était restée vigoureusement immobile sur moi, et moi en elle. Je pensais à tout autre chose qu’à lui répondre, et, comme à sa dernière question je n’avais pas dit non tout de suite, elle se désaccoupla d’un bond aussi leste que celui sous lequel j’avais succombé. Puis elle recula nue jusqu’au fond de la pièce et rit de mon désir qu’elle avait changé en rut sans même commencer à le satisfaire.

« Pardon, je ne te violerai plus ! » dit-elle.

Cette fois, je bondis, moi aussi. Certain de n’avoir pas affaire à une faible femme, je la maîtrisai d’une main et lui donnai de toute ma force une douzaine de coups de poing sur l’épaule gauche, avec d’autant moins de scrupule qu’elle ne cessa pas de rire tant que dura cette correction.

Après, elle me regarda et, d’une voix joueuse, un peu essoufflée, qui la rajeunissait beaucoup, elle me dit :

« Tu es plus gentil quand tu deviens méchant. »

Et du même ton plein de gaieté, elle ajouta :

« Monsieur bat les femmes ? Si monsieur veut me donner des coups de fouet sur les fesses pour se redresser la queue, c’est vingt francs de plus. »

La phrase était de la plus basse ironie, car je ne laissais voir que trop l’exaspération de mon désir.

Nous retombâmes sur le lit ; mais Teresa, plus adroite que moi, ne se laissa pas prendre malgré elle et lutta beaucoup mieux contre ma virilité qu’elle n’avait fait contre mon poing. Elle continuait de jouer, elle était pleine d’entrain et d’une jeunesse extraordinaire :

« Ah ! me dit-elle gaiement. Tu m’as traitée de putain et tu voudrais me baiser ? Mais non, les putains ne baisent pas, elles ont la chaude-pisse. Laisse-toi faire, joli blond, je serai bien cochonne.

— Bien. Continue ! fis-je en serrant les dents.

— Regarde ! poursuivit-elle, jouant toujours son rôle. Regarde comme j’ai des poils sous le bras : je connais des femmes qui n’en ont pas autant sur le chat. Veux-tu faire l’amour là-dedans ? Tu jouiras bien !… Non ? Tu veux que je te donne mes tétons de putain ?

— Encore cette scie !

— Les voilà, mes tétons de putain. Mets ta queue entre les deux. Je les serre… C’est bon ? Es font bien leur métier, mes tétons de putain ?… Écoute, mon bébé, tu me donneras cent sous d’avance et tu me déchargeras sur la figure ! Pas ?

— Prends garde à toi ! Je vais le faire sans te prévenir !

— Tu aimes mieux jouir dans ma bouche ? C’est le même prix. Et je te ferai un joli travail avec ma langue autour du ventre. Tu aimes ça ? Je te lécherai les couilles, je te ferai feuille de rose et je te sucerai la queue après. Non ? Tu ne veux pas ? Tu dois avoir de la religion, toi. Tu as peur de dire à confesse que tu as déchargé dans la bouche d’une femme. Nous pouvons bien faire autre chose. Veux-tu que je te branle, petit polisson ? »

Cette dernière proposition mit le comble à ma fureur et à la joie de Teresa.

« Tu veux que je te tue ?

- Oh ! pour me tuer, c’est plus cher que pour me battre ! » fit-elle en éclatant de rire.

Décidé à en finir sur-le-champ, je pris à bras-le-corps Teresa et voulus lui forcer les cuisses. Sérieusement, cette fois, elle me cria :

« Non ! tu ne me baiseras pas !

- Parce que… ? »

Une colère subite lui monta aux yeux. Elle me saisit les bras et se mit à hurler :

« Parce que chez toi, cette nuit, je ne suis pas une putain, m’entends-tu ? Quand une femme qui a envie de jouir frotte sa peau sur un homme qui bande, elle se donne par le trou qu’elle veut ! Et si j’ai plus de plaisir à me faire enculer et si je veux que tu m’encules, tu m’enculeras. »

Cette violence de paroles aurait dû me faire perdre tout moyen physique de laisser à Teresa la liberté de son choix : mais la diablesse ne me donna pas le temps de m’intimider ni celui de songer à ce que j’allais faire. Son habileté de geste et de posture était un prodige. Elle me prit par où elle voulait et, pour la seconde fois, je me trouvai en elle sans savoir comment j’y étais entré.

Aussitôt elle reprit sa voix la plus tendre, ses yeux les plus doux et me dit :

« Ne me joue pas le tour de décharger !

— C’est tout ce que tu mérites pourtant.

— Voilà. Une jolie femme vient lui donner son cul, et tout ce qu’elle mérite c’est qu’après une minute on lui dise : “Fous le camp ! Va te finir seule.”

— Une minute ! il y a une heure que tu me laisses dans l’état où je suis !… Je t’attendrai, mais…

— Tu es un amour. »

Puis, sur le même ton, elle continua en souriant :

« Tu me dégoûtes.

— Toi aussi.

— Je vais te dire maintenant pourquoi Charlotte et moi…

— Non !

— Si !… Je veux te le dire pendant que j’ai ta queue dans le derrière. La vérité c’est que… nous étions aussi en chaleur l’une que l’autre. Mais moi, ça se voyait moins. Tu ne l’avais pas vu ?

— Peut-être.

— Et maintenant ? »

Je gardai le silence. Alors, tout à coup, changeant de voix par un de ces crescendos rapides qui annonçaient l’explosion de ses brutalités verbales, elle cria :

« Et maintenant, le vois-tu que je suis en chaleur comme une vache ? Le vois-tu que je suis venue chez toi pour te violer, que je me suis foutue à poil, que je me suis laissé traiter de putain, que je me suis laissé baiser, que je me suis laissé battre et qu’enfin je me la suis plantée où je voulais, ta queue ! et que je me branle dans tes bras plus que Charlotte, le vois-tu ?… Et le foutre que je te donne, quand tu en auras plus sur les couilles que dedans, faudra-t-il te dire que je décharge ? »