Chapitre XIV

La première que j’aperçus fut Mauricette. Elle portait un costume collant d’arlequin, le même sans doute que Charlotte avait eu à son âge et dont elle m’avait longuement parlé à propos de sa fameuse gageure.

Charlotte, qui la suivait, me frappa d’abord par son visage. Elle semblait ravie de « jouer un rôle » au double sens de l’expression, après avoir senti, plus que moi peut-être, combien sa présence était inutile et par moments importune. Toujours poussée par la folie qu’elle avait de s’avilir, elle avait mis une robe noire, un tablier à poches, un ruban rouge autour du cou et s’était coiffée de telle sorte qu’on lui aurait donné vingt sous de sa vertu sous le pont Notre-Dame.

Enfin, Lili était en écolière : tablier noir et natte sur le dos. J’étais un peu trop jeune moi-même pour faire le satyre devant elle.

La pensée qui me vint aussitôt fut que jamais on ne pourrait tramer une intrigue entre ces trois personnages et un jeune premier, ou qu’alors la comédie serait absurde…

(Ah ! comme je voudrais que tout ceci ne fût pas véritable ! et comme je choisirais mieux les costumes de la parade !)… Eh bien ! vous devinez ce qui arriva ? Les jeunes putains ni les jeunes filles moins ouvertement putains ne reculent point devant l’absurdité des comédies qu’elles improvisent. Plus c’est extravagant, plus elles s’amusent et leur jeunesse fait tout passer.

Ricette, encore une fois, me prit à l’écart et me dit en riant :

« Jouons vite ! Je suis pressée ! J’ai le feu dans le derrière !… »

À ce mot, elle rit si fort qu’elle ne pouvait plus parler. Elle reprit pourtant :

« Et j’ai pas de chance parce que je passe à la fin ! Après moi, naturellement, y aura un entracte ! »

Charlotte nous interrompit, mais avec un visage heureux que je ne lui avais pas vu depuis le commencement de la soirée :

« Tu sais ce qu’on va faire ?

— Oh ! pas du tout ! Je serais même curieux de savoir comment on peut construire un drame ou une comédie entre une pierreuse, une arlequine et une écolière. Vous avez une belle imagination toutes les trois !

— C’est pas malin. On fera des scènes, comme dans les revues. On passera l’une après l’autre. »

J’aimais mieux cela. Pas vous ; mais moi. Quand on se prépare à dépuceler une jeune fille de quatorze ans, il vaut mieux ne pas se fatiguer l’esprit. Je laissai donc les trois sœurs se partager les rôles et en donner un même à leur mère, bien qu’elle ne fût pas costumée. Mais Ricette, qui n’y tenait plus et qui sautait d’un pied sur l’autre comme une petite fille qui a envie de pisser, obtint que sa scène fût jouée en lever de rideau, ce qui renversa tous les plans et néanmoins ne choqua personne. Ah ! comme c’est facile de faire du théâtre !

« Monsieur, me dit-elle, je suis venue souper en cabinet avec vous, mais c’est à la condition que vous serez sage.

— Pourquoi voulez-vous que je sois sage ?

— Parce que je suis grise.

— Vous ne l’êtes pas assez.

— Et parce que je suis pucelle.

— Vous l’êtes trop. Montrez-moi ça. Quelle malheureuse infirmité ! Depuis quand êtes-vous ainsi ?

— Ah ! monsieur ! C’est de naissance.

— Est-ce que vous souffrez ?

— Ça me brûle. C’est affreux.

— Suivez-vous un traitement ?

— Oui, monsieur. Des massages. Avec le bout du doigt. »

Malgré le rire de ses sœurs, Ricette gardait tout son sérieux. Elle ajouta doucement :

« Quatre fois par jour.

— Et pas autre chose ?

— Oh ! si ! mais je ne vous le dirai pas. C’est un secret de jeune fille.

— Je ne le répéterai à personne.

— Bien vrai ?

— Je vous le jure sur les perfections de votre patronne sainte Mauricette.

— Ça ne vous engage à rien, elle n’est pas dans le calendrier ; j’ai été chrétiennement élevée, monsieur ; je connais les trois vertus théologales et l’histoire jusqu’à Moise ; mais la sainte Mauricette, comme elle n’existe pas, c’est rien de dire ce que je m’assois dessus ! Et c’est pas elle qui me punira si je vous le donne, mon secret de jeune fille… Ah ! là ! là ! je déconne ! Qu’est-ce que j’ai bu ! Ça ne se voit pas, m’sieu, que je suis saoule ?

— Pas du tout… Alors, ce secret ?

— Maman m’a dit… que pour calmer leurs pucelages, sans les perdre, les jeunes filles honnêtes… Ha ! ce qu’il fait chaud ici !… se faisaient masser par-derrière… en même temps qu’elles se massaient devant.

— Par-derrière ? Mais par où ? »

Elle me montra les dents d’un air féroce mais plein de gaieté, qui semblait me dire : « Ah ! tu ne comprends pas ? » Puis, avec sa facilité d’improvisation et reprenant pour jouer son rôle le visage de l’innocence, elle récita :

« Maman m’a fait un costume d’arlequine avec une boutonnière d’un centimètre au bon endroit, entre les cuisses, pour que j’aie la place de passer mon doigt, et derrière, il y a un losange qui se relève. Vous voyez, m’sieu ?

— À quoi cela peut-il servir ?

— Elle m’a dit en m’habillant : “Tu seras convenable, tu montreras que tu es une jeune fille bien élevée, tu ne prononceras pas de gros mots, mais quand tu verras qu’il bande, tu lui prendras la queue, tu te fourreras du beurre dans le trou et tu ouvriras les fesses en disant que c’est la première fois, que c’est honteux de faire des choses pareilles, que tu n’oseras pas t’en confesser et que tu te ficherais à l’eau si ta maman le savait.”… Vous comprenez pas ?

— Elle ne vous a pas dit autre chose ?

— Si. En m’embrassant sur la porte, elle m’a dit : “Branle-toi pendant qu’on t’encule, ne demande pas à ton miché où c’est qu’on chie le foutre dans ce bordel-là ; mais fais-t’en seringuer, ma gosse, depuis le derrière jusqu’à la gueule, décharge dans ta chemise, dégobille dans le piano, pisse dans la carafe, gagne tes cinquante francs par le trou du cul et surtout ne dis pas de gros mots.”… Vous comprenez pas encore ?

— De moins en moins. Votre pudeur, mademoiselle… Ce trouble qui rend vos paroles confuses… »

Je devenais taquin et deux fois odieux ; car Mauricette jouait fort bien. Si joyeuse qu’elle fût de cœur et d’esprit, je la vis sur le point d’avoir une colère instantanée. Je n’eus que le temps de lui dire en me touchant le front :

« Ah ! j’ai compris !

— Miracle de la sainte Mauricette ! soupira-t-elle avec patience.

— Ce losange, on peut le lever ?

— Tu parles !

— Et regarder ce qu’il y a dessous comme chez les petites filles de La Rochelle ? »

Non, non, c’était fini. De mes lèvres sur sa bouche, je l’empêchai de répondre. Mes taquineries étaient moins drôles que son jeu, et je ne les avais prolongées que pour m’amuser plus longtemps à l’entendre. Je craignais qu’au premier contact elle ne cessât toute comédie, mais l’amour du théâtre chez les jeunes filles est presque aussi fort que le plaisir des sens, et, pendant quelques minutes, Ricette put soutenir son rôle d’ingénue en cabinet particulier.

« Voyez, monsieur, dit-elle, la différence qu’il y a entre le vice et la vertu. Les femmes éhontées qui dansent le nu ont un cache-sexe par-devant. Les pucelles tout habillées ont un petit losange qui se lève par-derrière. (Et elle rit de tout son cœur sur la dernière syllabe.)

— Je connais bien mal les secrets de jeune fille et j’ai peur de ne pas…

— Alors, monsieur, laissez-moi faire. Maman me l’a bien répété : “Si ton client est un con, tu sais t’y prendre ; encule-toi !” »

Elle riait de plus belle ; mais cette fois elle avait passé la mesure. Je n’aime pas ce genre de plaisanteries, et l’on m’objecterait en vain qu’une vierge de quatorze ans a droit à quelque indulgence pendant qu’on la sodomise. Ricette reçut, pour le principe, les deux ou trois petites gifles qu’elle méritait. Et alors… (J’ai oublié d’écrire ce détail : la chambre était vaste. Teresa, Charlotte et Lili se groupaient au fond sur le divan. Nous jouions loin d’elles, comme au théâtre, et Mauricette pouvait me parler sans être entendue de l’assistance.)… Elle cessa de rire, tourna la tête et me dit ardemment mais tout bas :

« C’est ça que tu appelles des claques ? Ta queue me fait plus de mal que ta main. Recommence.

— Mais non !

— Si. Écoute, que je t’apprenne, tout bas. Rappelle-toi ce que tu as fait à maman sans le faire exprès. Prends-moi les poils, on n’y verra rien, tu auras l’air de me branler… Non, pas ces poils-là… plus bas… ceux des lèvres… Oui… tire… tire-les… tire donc ! Mais tire donc ! Je vais jouir… »

Et elle m’empoigna la main pour me faire tirer comme si j’arrachais une poignée d’herbe.

L’entracte ne dura qu’une minute. Pour nous donner un peu de repos, Lili en écolière aborda Charlotte en pierreuse et lui dit d’un air soupçonneux :

« T’es donc encore malade ? La pine de ton frère avait un drôle de goût ce matin. »

Quand Charlotte avait ses nerfs, elle ne pouvait retenir ni sa gaieté ni ses larmes. Surprise par cette phrase imprévue, elle rit derrière sa main avant de répondre. Puis, la scène commença, mais sur un autre ton que celui de Mauricette. Entre elle et ses deux sœurs, il y avait toute la distance du pensionnat à l’école primaire. Lili parvenait quelquefois, d’un saut, à franchir le pas ; sa fantaisie et son instinct suffisaient à la conduire. Charlotte ne parlait que le langage du réalisme obscène et sentimental. Le rôle qu’elle acceptait, qu’elle avait même demandé, ne ressemblait guère aux types de Bruant. C’était celui de la fille lasse et lâche, qui a toutes les servilités, reçoit toutes les injures et (presque sainte mais sans le savoir) s’accuse la première de son ignominie.

Elle prit donc un air douloureux, et, quand Lili répéta :

« Un drôle de goût.

— C’est pas assez qu’il me fasse des queues avec une môme de dix ans ! fit tristement Charlotte. Il faut que la même vienne se plaindre ! Ça n’arrive qu’à moi, ces choses-là.

— Une môme de dix ans ? Elle est moins gourde que toi, la môme de dix ans ! Elle a branlé le secrétaire du commissariat de police et quand elle voudra le sucer, elle te fera foutre à Saint-Lazare.

— Ah ! il ne manquait plus que ça dans ma chienne de vie ! Mais qu’est-ce que je t’ai fait, ma gosse ?

— Tu m’as fait que tu vides les couilles de ton frère et que tu mouches ton chat sur le bout de sa pine. »

Cette nouvelle expression de Lili mit en joie Mauricette, qui se releva sur une main et suivit la scène.

« Saint-Lazare ! gémit Charlotte. Non, ma belle gamine, aie pitié de moi. Je te ferai tout ce que tu voudras, pour rien.

— C’est trop cher ! dit Lili, imperturbablement.

— Veux-tu voir mes poils ? Mes nichons ? Veux-tu que je te fasse mimi ?

— J’ai mes gousses ! »

Le ton détaché que prit ici l’écolière était si comique et si dédaigneux que, tous, nous partîmes de rire, même Charlotte. Lili continua sans se dérider, après avoir tiré de son panier une tranche de pain :

« Fais-moi une belle tartine de foutre. Va chez le marchand de gaufres pour la faire sucrer. Apporte-la-moi et donne-m’en tous les jours une pareille pour mon goûter à l’école. Mais, pas de bêtises ! Si tu me fous la vérole, c’est pour le coup que je te fais coffrer !… Je l’aurai, ma tartine ?

— Ah ! je t’en ferais plutôt deux avec ce que je tire de foutre pour gagner quarante-cinq sous… Là, sous le pont, il y a une flaque tous les soirs… Chaque fois que je marche dedans, je me fous la gueule par terre… C’est tout ce que tu veux, ma gamine ?

— Et puis laisse-moi regarder. Tiens ! un passant pour toi ! Vas-y ! Je me cache ! »

Le dernier mot : « Je me cache ! » avait bien dix ans. Mais ce fut à peine si on me laissa l’entendre, car le passant… j’appris soudain que c’était moi. Charlotte me dit vite : « Tu comprends ton rôle ? Tu m’engueules, tu te laisses faire, tu ne bandes pas ; et voilà. »

Je me répétai docilement : « Et voilà ! » Cette conception de l’art dramatique était d’une simplicité qui me rappelait Eschyle plutôt que le théâtre contemporain. La scène aurait donc trois parties… et la troisième était si facile à jouer dans l’état où m’avait laissé Mauricette que je me résignai même à feindre la première avec assez de naturel pour satisfaire la manie de cette pauvre et belle Charlotte. La seconde partie m’était peut-être aussi peu agréable que la précédente, et je ne me voyais pas suivre, comme le songe d’une nuit embrasée, la personne qui s’approchait. Tout ceci fut cause que mon rôle fut bien mal tenu. Je n’avais nullement rougi d’être inférieur à Mauricette, mais je faillis avoir quelque dépit en reconnaissant que la simple Charlotte elle-même savait mieux que moi trouver son texte et camper son personnage.

Elle vint à moi la tête levée, la hanche en mouvement et me prit par la manche :

« Tu viens t’amuser, mon joli ?

— Non.

— Viens. J’ai pas étrenné ce soir. Je me suis lavé le chat il y a un quart d’heure. Viens sous le pont, je relèverai ma jupe, tu me peloteras et nous baiserons. Viens.

— Moi, te baiser ?

— J’ai pas de mal, tu pourras voir. J’ai passé la visite aujourd’hui. Mais si on fait pas ça, on fera aut’chose. Je serai bien polissonne, Écoute.

— Fous-moi la paix !

— Écoute donc ! Tu sais pas ce que je vais te dire. J’ai envie de pisser depuis deux heures. Veux-tu que je te pisse dans la main ? Tu t’essuieras après ma liquette.

— Tu me dégoûtes. Ne me touche pas la manche avec ces doigts-là.

— Laisse-moi te dire au moins… Je suis si cochonne ! Tu n’as qu’à demander. Je ferai ce que tu voudras. Viens que je te suce la queue. Tu jouiras dans ma bouche. Tu jouiras tout.

— Pas besoin d’une putain pour ça ! Les jeunes filles s’y prennent très bien.

— Penses-tu qu’elles font comme moi le poisson souffleur ? Tu sais ce que c’est ? Écoute donc que je te dise !

— Non ! Fous le camp ! D’abord, je n’ai que dix sous et il m’en faut quatre pour prendre le tramway, ajoutai-je avec quelque honte de ces imbécillités.

— Eh bien, donne-moi six sous, voilà tout, tu seras plus généreux la prochaine fois. Donne-moi six sous et je te ferai le poisson souffleur. Quand je t’aurai sucé la queue, je rendrai le foutre par le nez. »

Charlotte me donnait la nausée. J’eus un vague sourire et, pour hâter la fin de la scène en provoquant une réplique trop facile à deviner, je lui dis avec violence :

« Veux-tu t’en aller ou je t’encule ! »

Cette formule d’exorcisme est parfois efficace pour chasser les raccrocheuses ; mais au moins une fois sur trois elle manque son but et les retient au lieu de les épouvanter.

Charlotte, qui joua bien cette partie de son rôle, me répondit d’une voix douce et du ton le plus indifférent, comme si je lui demandais de faire le poisson souffleur par la narine droite ou la narine gauche :

« Viens m’enculer, ça m’est égal. Tu crois que je ne le fais pas pour six sous ? Faut bien vivre. Et puis tu m’étrennes. Viens m’enculer sous le pont. Fourre bien ta queue, n’aie pas peur, tu saliras pas ton linge, je t’essuierai avec l’envers de ma jupe.

— Charlotte, tu es immonde ! lui dis-je à l’oreille.

— Si tu crois que je ne sens pas ce rôle-là ! » répondit-elle tristement.

Malgré les sentiments éteints que m’inspirait une pareille scène et que j’ai à peine besoin d’exprimer ici, le jeu fut interrompu par un accident singulier que mes jeunes lectrices ne comprendront point, mais dont les jeunes hommes seront moins surpris.

Que l’amour et l’érection sont deux phénomènes distincts, voilà ce qu’il faudrait apprendre aux jeunes fines à la veille de leur premier flirt. Rater une femme, c’est quelquefois prouver qu’on l’aime jusqu’à l’évanouissement des sens. Par contre, à l’improviste, entrer en érection devant une femme qu’on n’aime pas, c’est la traiter de putain d’une façon galante mais catégorique.

Et c’est ce qui m’arriva dans la bouche de Charlotte. « Dans sa bouche ? direz-vous. Le beau miracle ! Un octogénaire en eût fait autant. » Mais réellement, je ne m’y attendais pas, ni personne. D’abord, mon rôle était de rester froid ; rien ne me paraissait plus facile à mimer. Et la comédie de Charlotte ne m’avait excité en aucune façon. Enfin, je sortais des bras de Mauricette depuis… Au fait, voilà l’explication. Une demi-heure s’était passée. La bouche fut une imprudence.

Mon accident agita tout le monde. S’il flatta Charlotte, on le devine, Teresa en rit aux larmes, ce qui me fit devenir très rouge, car je n’avais nulle envie de rire, ni Mauricette non plus, bien que je lui eusse fait signe de ne pas s’inquiéter.

Heureusement, la saynète où Charlotte s’offrait en victime avait une si grande élasticité que le renversement de la péripétie ne changea ni l’intrigue ni les caractères. II donna même plus de force à la scène capitale.

Charlotte, reprenant son rôle de pierreuse, psalmodia d’une voix traînante :

« Je te l’avais dit que j’étais cochonne, que tu banderais bien dans ma bouche. Qu’elle est belle, ta queue, mon petit homme ! Écoute, j’ai mon frère qui me fait des traits avec une gamine. Écoute pendant que tu l’as bien raide… J’ai envie ! J’en veux pas de tes sous. Encule-moi bien loin, laisse-moi me branler et si tu me fais jouir, tu ne me donneras rien. Tiens ! le voilà, mon cul. Mets-la, mets-la vite ! »

Elle se tenait debout, penchée en avant, la jupe noire relevée sur les reins, les fesses nues, dans une attitude où elle représentait avec naturel, avec talent, l’extrême servilité de la prostitution. Et elle reprit de sa triste voix :

« Où qu’elle est, ta queue ?

— Je ne sais pas, fis-je distraitement. Tu peux en chercher une autre.

— Oh ! je te fais bander, je te suce comme il faut, je te dis de m’enculer, que ça ne te coûtera rien, tu ne débandes pas et tu me plaques ? Je te dégoûte ! Ça te plaît pas d’enculer une putain ? Vrai ! Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour gagner tes six sous ? Veux-tu me pisser sur la figure et que je ferme les yeux en ouvrant bien la bouche ?

— Écoute, Charlotte, tu exagères ! » fis-je pour l’arrêter.

Alors, quittant son rôle, parlant pour moi seul avec une expression que je n’oublierai jamais, elle murmura :

« Non. »