Chapitre XV

PORTRAITS DE CES PERSONNAGES - ORGIES D'UN GENRE NEUF

La première voiture était une berline allemande, attelée de six chevaux, dans laquelle se trouvaient monsieur et madame de Verneuil, Cécile et Victor, leurs enfants ; la seconde était une grande calèche, occupée par une très belle femme de quarante ans, la fille de cette femme, superbe créature de vingt-deux, et deux enfants de cette jeune femme, âgés de six et sept ans, tous deux nés de Verneuil. Le petit garçon se nommait Lili ; la jeune fille, Rose ; il était impossible de voir rien de plus délicieux que ce petit couple. Deux grands garçons, de vingt à vingt-deux ans, faits comme Hercule, et beaux comme l'Amour, remplissaient les deux autres places, sous le titre de valets de chambre de M. de Verneuil.
Les dames et les enfants, promptement installés dans leurs appartements s'y retirèrent ; et Gernande conduisit Verneuil chez d'Esterval, où Bressac s'était rendu pour recevoir cette visite.
- Voilà un charmant neveu que tu ne connais pas, dit Gernande à son frère ; embrassez-vous, mes amis ; quand on se ressemble aussi bien, on doit être dispensé de tout compliment. L'aimable personnage que vous voyez là, poursuivit Gernande en montrant d'Esterval est un ami de mon neveu, qui l'a accompagné chez moi... C'est un homme dans la maison duquel je ne te conseillerais pas de coucher ; car il égorge tous ceux qu'il reçoit... Eh bien ! es-tu content de la société que je te donne ?
- Enchanté, dit Verneuil en embrassant d'Esterval, qui, présentant aussitôt lui-même sa femme à Verneuil, assura que celle qui a l'honneur de le saluer est, quoique femme, en état de figurer avec le plus scélérat des hommes.
- Voilà qui va le mieux du monde, mes amis, dit Verneuil ; le vois qu'avec une aussi charmante société, nous passerons ici quelques jours agréablement.
Quatre gitons entrèrent aussitôt pour savoir si M. de Verneuil n'avait pas besoin de leurs services.
- Ah ! volontiers, dit Verneuil ; la voiture m'a échauffé ; il y a deux heures que je bande comme un diable ; voyez, dit-il, en posant sur la table un outil d'une grosseur et d'une longueur effrayantes... Allons, je vous suis, mes enfants. Ces messieurs trouveront bon que je perde un peu de foutre avant que de faire une plus grande connaissance avec eux.
- Permettez à ma femme de vous aider, monsieur, dit d'Esterval ; personne n'a plus d'art et de ressources dans l'esprit... son imagination vous plaira.
- Volontiers, dit Verneuil ; je ne serais même pas fâché d'y joindre la jeune fille qui nous a reçus... quelle est-elle ?
- C'est Justine, mon oncle, dit Bressac ; une héroïne de vertu, un individu tout sentimental, et dont les mœurs et les infortunes forment, avec nos principes, les plus singulières oppositions. Gernande en a fait la demoiselle de compagnie de sa femme ; elles pleurent, elles prient, elles se consolent ensemble, et nous molestons tout cela.
- Ah ! délicieux !... délicieux ! Parbleu, mon frère, fais-moi monter cette fille, je m'en servirai.
- Mais, mon oncle, dit Bressac, si vous passiez chez madame de Gernande, il me semble que cela vaudrait mieux ; tous les objets qui peuvent vous flatter se trouveraient réunis là, et votre décharge serait plus complète.
- Mon neveu a raison, dit Verneuil ; mais il ne sait pas que le plaisir de faire connaissance avec lui me presse encore plus que tout.
Et, l'entraînant dans un cabinet, il le baise, il le déculotte, il le caresse, lui manie le cul, lui branle le vit, le sodomise, s'en fait foutre ; et tout cela sans perdre une goutte de sperme. Puis, revenant dans la société, il y fait de son neveu les plus pompeux éloges.
- Voyez comme il m'a mis, dit-il en menaçant le ciel d'un vit énorme, qu'il branlottait tout en causant, je foutrais Dieu le père à présent s'il se présentait devant moi. Allons, mon frère, passons chez ta femme ; j'y conduirai madame, dit-il en parlant de Dorothée, cette jeune fille, que vous appelez Justine, et deux bardaches ; cela me suffira. Mon foutre est là, vous le voyez, continua-t-il en montrant du doigt la goutte exhalée de la tête ; je n'ai besoin que des plus légers efforts pour le faire jaillir à dix pieds. Peu s'en est fallu que je le laissasse dans le cul de mon neveu ; mais la garce est si large...
- Déjeunes-tu avant ? dit Gernande.
- Non, nous sortions de table quand nous sommes arrivés ; j'ai plus besoin de me salir l'imagination que de manger, nous réparerons, après, ce que aurai perdu.
Justine, envoyée par son maître chez madame de Gernande, vint avertir M. de Verneuil que, malgré l'état d'affaiblissement dans lequel se trouvait sa maîtresse, qui venait de perdre six palettes de sang, il n'y avait pas une heure, elle allait, soumise aux volontés de son époux, recevoir la compagnie qu'on lui annonçait.
- Ah, ah ! tu viens de la saigner ! dit Verneuil, tant mieux ; j'aime infiniment à la voir dans cet état. Approchez, jeune fille, poursuivit-il en troussant Justine, pour lui prendre les fesses, venez ; je serai fort aise aussi de voir votre cul ; je le crois joli. Messieurs, continua-t-il en s'adressant à Gernande, à Bressac et à d'Esterval, je vous invite, pendant ce temps, à passer chez ma femme ; pardon, si je ne vous y présente pas ; mais soyez sûrs de sa soumission ; je vous exhorte à ne pas plus vous gêner chez moi que je ne vais le faire chez vous.
- Eh bien, dit Verneuil en entrant chez madame de Gernande, soutenu par ses bardaches, suivi d'une vieillie, et dans l'état du monde le plus immodeste, vous mécontentez donc toujours mon frère ? Il ne cesse de me porter des plaintes contre vous, et je n'arrive jamais que pour l'aider à vous mettre à la raison. Voilà madame, poursuivit-il en montrant Dorothée, qui, témoin de votre mauvaise conduite, vient de me certifier des choses qui devraient vous valoir les plus cruels tourments, si mon frère, moins livré à sa bienfaisance, écoutait un peu plus sa justice ; allons, déshabillez-vous.
Et Justine, exécutant l'ordre, offre, en un instant, sa pudique maîtresse aux regards effrontés de ce scélérat.
- Mettez-vous toutes deux dans le même état, dit Verneuil en s'adressant à Justine et à Dorothée, et, surtout, déguisez les cons. Pour vous, mes beaux enfants, continua-t-il en parlant aux bardaches, n'ôtez que vos culottes ; le reste de vos habits vous parant au lieu de vous nuire, vous pouvez les garder ; j'aime tout ce qui me rappelle un sexe que j'idolâtre : si les femmes avaient des habits d'homme, je ne les ferais peut-être pas ôter.
Tout le monde obéissait ; Justine seule faisait quelque résistance, mais un coup d'œil effrayant de l'homme le plus terrible et le plus rébarbatif qu'elle eût encore vu la détermina promptement. Verneuil place Justine et madame de Gernande, agenouillées toutes deux sur le bord du canapé, les fesses tournées vers lui, et les laisse un moment là, pendant qu'il examine le cul de Dorothée.
- Foutre ! madame, lui dit-il, vous êtes faite à peindre... c'est le corps d'un bel homme ; j'aime à la folie ce poil qui l'ombrage, je le baise avec un vrai plaisir... j'adore ce brun de l'orifice de votre cul... il prouve de l'usage... écartez, que j'y mette ma langue ; oh ! comme vous êtes large... que j'estime cette preuve authentique de la dépravation de vos mœurs... vous aimez quand on vous encule ? vous idolâtrez le vit au cul... il n'y a que cela madame... il n'y a que cela ; voilà mon cul, que je vous offre, il est de même... il est excessivement large...
Et Dorothée, baisant avec délices le cul de Verneuil, lui rendait amplement les gamahuchades qu'elle en avait reçues.
- Vous me plaisez infiniment, madame, poursuivit Verneuil ; il ne vous reste plus, pour achever de me tourner la tête, que d'accepter la proposition que je vais vous faire, et sans l'accord de laquelle tout votre art ne réussirait peut-être pas à faire jaillir mon sperme. Vous êtes riche, dit-on, madame, eh bien, en ce cas, il faut que je vous paie ; si vous étiez pauvre, je vous volerais. Dans la circonstance contraire, il faut que vous ne vous prostituiez à moi que pour une somme très forte. Il faut que vous cachiez cette clause à votre mari, et que vous m'assuriez que la somme que je vais vous donner ne sera employée par vous qu'à des dépenses libertines, il faut que vous me juriez surtout que pas un écu n'en sera destiné pour de bonnes œuvres... que vous n'en payerez, en un mot, que le crime... Que dites-vous de ma passion ?
- Elle est singulière, monsieur ; mais croyez que j'ai assez de philosophie pour ne me surprendre d'aucune. J'accepte vos propositions ; j'aurai de mon côté mille fois plus de plaisir à m'amuser avec vous, et je vous fait le serment le plus sacré de ne dépenser votre argent qu'en débauches.
- En infamies, madame, en infamies.
- En tout ce qu'il y aura de plus affreux, je vous le jure.
- Eh bien ! madame, voilà cinq cents louis, êtes-vous contente ?
- Non, monsieur, ce n'est pas payer.
- Ah ! délicieuse ! divine ! enchanteresse ! s'écria Verneuil ; en voilà mille de plus et vous êtes la plus aimable femme que j'aie connue de mes jours ! Ah ! putain, je triomphe, et tu es à moi maintenant... Gitons, branlez mon vit, pendant que je manie le cul de cette garce, vous, victimes, restez sous mes yeux... Eh quoi ! madame, quelque chose repousse ce mouchoir ; je n'ai cru déguiser qu'un con, je découvre un vit. Foutre ! quel clitoris... Retirez, retirez ce voile ; bien plus homme que femme, l'illusion m'est permise : vous n'avez besoin de rien cacher.
Et le paillard branlait, suçait cette excroissance, assez majestueuse pour mettre celle qui la possédait en état de remplir avec succès tous les rôles d'un homme.
- Vous devez être libertine au dernier degré, madame, poursuivit Verneuil ; vous devez avoir tous nos goûts.
Et il lui enfonçait, en disant cela, trois doigts dans le cul, dont l'effet électrique fit aussitôt lever ce clitoris, au point que Dorothée voulut foutre un giton. Verneuil aide à l'entreprise, et claque vigoureusement les fesses de la Messaline au moment qu'elle agit.
- Voulez-vous que je vous moleste ? lui dit-il ; je ne le demande point aux victimes, mais à vous...
- Faites ce qu'il vous plaira de mon cul, dit Dorothée ; il ne vous est offert que pour tout endurer.
Verneuil lui pince alors les fesses d'une si cruelle force, que la putain décharge à l'instant.
- Eh bien ! poursuit-il en la voyant pâmer, convenez qu'il n'y a que le supplice pour hâter l'éjaculation. Sacrificateur ou victime, je ne connais que cela pour arriver au but.
- Et ces culs, dit Dorothée, ces culs que vous avez mis là, vous ne vous en occupez donc point ?
- L'état où je vais les mettre vous prouvera bientôt le contraire, dit Verneuil. Et, s'approchant d'eux : Voyons, dit-il, laquelle de ces deux femmes sera la plus courageuse.
Il pince en même temps, à la fois et d'une manière cruelle, le téton droit de madame de Gernande et la fesse gauche de Justine. Quoique les ongles se fussent imprimés dans les chairs de celle-ci, elle tint ferme. Il n'en fut pas de même de madame de Gernande. Le traître lui avait tellement froissé le bout du téton, elle se trouvait d'ailleurs si faible qu'elle tomba presque évanouie.
- Oh ! c'est divin ! dit-il à Dorothée en lui suçant le clitoris ou la bouche, et toujours en lui branlant le trou du cul, c'est délicieux ! voilà de ces hauts-le-corps que j'aime à la folie... Et vous, madame, bandez-vous en voyant souffrir ?
- Vous le voyez, monsieur, répondit la tribade en montrant le bout de ses doigts inondés du foutre de son con ; vous voyez que nous agissons je le crois, à peu près dans les mêmes principes.
- Je le répète, madame, il n'y a que la douleur pour faire décharger.
Et le paillard, entre les bardaches et Dorothée, s'irritait, s'enflammait, comme le taureau prés de la génisse.
- Sotte créature ! s'écria-t-il en saisissant sa belle-sœur d'une main, et s'emparant de l'autre d'une discipline à cordelettes de boyaux très noueux, qu'il avait toujours dans sa poche, femme pusillanime, tu ne sais donc rien souffrir ? et bien ! tu seras punie de ta faiblesse.
Et plaçant son vit furieux entre les mains de Justine, il lui ordonne de le branler, pendant que Dorothée, qu'il arme d'une seconde discipline, va rendre à son cul ce qu'il est prêt à entreprendre sur celui de sa belle-sœur, et que les ganymèdes exposeront leurs fesses à ses regards. L'opération commence. Le fouet, activement et passivement distribué, était une des plus vives passions de Verneuil ; vingt-trois minutes de suite son bras vigoureux se déploie sur le beau cul de la Gernande ; elle est déchirée depuis le milieu des reins jusqu'aux talons ; on le lui rend avec usure ! le sang jaillit de toutes parts : rien n'était aussi singulier comme ce mélange d'invectives d'un côté, de plaintes et de cris de l'autre. Trop occupée de sa besogne pour écouter la voix de son cœur, la malheureuse Justine secouait, tant qu'elle le pouvait, l'énorme instrument, dont on lui avait confié le soin, sans oser demander la grâce de sa maîtresse. Ce n'est pas qu'elle n'eût détourné ces coups terribles, si elle eût cru pouvoir le faire ; mais l'inflexibilité de l'âme des scélérats commençait à lui être trop connue pour qu'elle entreprit de fléchir celui-ci. Verneuil s'aperçoit pourtant de la maladresse de sa branleuse.
- Qu'est-ce donc que cette petite putain-là ? dit-il en s'emparant d'elle ; ah ! garce, je vais t'apprendre si c'est ainsi qu'on branle un vit comme le mien.
Et le remettant aux mains de Dorothée, ce n'est qu'à elle qu'il s'en rapporte sur la manière dont il faut doubler ou diminuer à propos les titillations du plaisir, pendant qu'à grands coups de martinet, le scélérat maltraite à outrance les douces et délicates fesses de notre intéressante Justine.
Aucun des instruments dont elle avait été flagellée dans son cours de libertinage, ne l'avait molestée comme celui-là ; chaque cinglon, s'imprimant d'une ligne au moins dans les chairs, y laissait, avec une épouvantable douleur, des traces aussi sanglantes, que si l'on se fût servi d'un canif. En un instant, elle est toute meurtrie. Verneuil alors fixe ses deux victimes l'une à l'autre, en les attachant ventre contre ventre ; et, toujours branlé par Dorothée, il leur applique une seconde flagellation, en frappant tant qu'il a de forces, tantôt sur l'une, et tantôt sur l'autre. Ici la Gernande, affaiblie de ses trois saignées du matin, chancelle, perd connaissance, tombe en entraînant Justine avec elle ; et les voilà toutes deux à terre, nageant dans les flots du sang que leur bourreau vient de faire jaillir. Verneuil coupe aussitôt les liens, et, se précipitant sur sa belle-sœur, il a l'art de la rendre à la vie, au moyen du nouveau tourment d'une jouissance, qui toute naturelle qu'elle est, n'en déchire pas moins cette malheureuse femme, par l'étonnante disproportion qui se trouve entre elle et son agresseur.
- Fouettez-moi ! fouettez-moi ! madame, s'écrie Verneuil à Dorothée ; campez Justine sur mes reins, et déchirez-nous tous les deux.
Parfaitement servi par Dorothée, et bien mieux peut-être encore par la monstruosité de ses opérations, le vilain faune écume... blasphème, et décharge en jetant les hauts cris... en prouvant enfin à tout ce qui l'entoure, que, si la nature l'a mieux membré que son frère, elle lui a départi de même, et la quantité du sperme, et les crises de volupté dans un degré bien supérieur.
- Eh bien ! madame, dit-il à Dorothée, comment me trouvez-vous dans le libertinage ?
- Superbe, monsieur, répondit celle-ci ; mais je ne croyais pas que vous foutiez des cons.
- Je fous tout, mon ange, je fous tout ; et pourvu que mon vit monstrueux blesse ou déchire, ce qu'il pourfend me devient égal.
- Mais, vous préférez le cul cependant ?
- Me feriez-vous l'injure d'en douter ? Faut-il, pour vous convaincre, enculer un bardache ?
- Non, répond Dorothée, c'est mon cul qu'il faut foutre, si vous voulez me persuader ; le voilà, monsieur, foutez-le.
Et le paillard, toujours en rut, est bientôt au fond de l'anus.
- Vexez donc ces deux femmes pendant que je vous sodomise, madame, je vous en supplie, dit Verneuil.
Et la putain, sans le faire répéter, plante à plaisir, pendant qu'on l'encule, ses ongles crochus dans les chairs et de Gernande et de Justine. Tous deux déchargent pendant que les victimes pleurent ; et chacun d'eux, en perdant son foutre, a mordu jusqu'au sang la langue du giton qu'il caressait pour s'exciter.
- En voilà assez, madame, dit Verneuil à Dorothée, vous êtes une créature charmante ; je veux que nous renouvelions nos plaisirs.
- Je vous en ferai goûter de toutes les espèces, monsieur, répondit Dorothée ; plus nous nous connaîtrons, mieux nous nous conviendrons, je m'en flatte.
Tous deux furent rejoindre la société. Justine seule resta chez sa maîtresse.
Les autres acteurs n'étaient point restés dans l'inaction pendant la scène qui venait de se passer ; mais, moins lestes que le frère de Gernande, moins pressés du besoin de perdre, ils n'en étaient encore qu'aux préliminaires, quand ils furent rejoints par Verneuil et par Dorothée. D'Esterval, Bressac et Gernande étaient chez madame de Verneuil. Les trois scélérats avaient fait déshabiller cette pauvre femme, sans lui donner le temps de se reposer du voyage. Le féroce Gernande persuadait à sa belle-sœur, qu'une saignée lui serait fort nécessaire, et servirait à la rafraîchir. On y allait procéder, quand les acteurs dont nous venons de peindre les ébats entrèrent chez madame de Verneuil. Cette belle femme, déjà nue, convainquit ceux d'entre les hommes qui ne la connaissaient pas, qu'il n'existait effectivement pas sur la terre une plus sublime créature. Pas un défaut dans les proportions ; et toute la fraîcheur, toutes les grâces de la déesse même de la beauté. Tant de droits à l'indulgence, à l'admiration générale, ne valurent pourtant à la belle-sœur de Gernande qu'un peu plus d'insultes et de mépris de la part de ces libertins et principalement de son frère. Après l'examen le plus complet des beautés de cette femme superbe, les insultes et les mauvais traitements commencèrent. Bressac et d'Esterval ne la ménageant pas plus que Gernande, la misérable victime fut tour à tour pincée, mordue, souffletée ; les belles chairs de sa gorge et de ses fesses furent meurtries en plus de vingt endroits ; elle fut obligée de présenter alternativement la bouche, le con, le cul. Gernande s'empare de la bouche ; Bressac enfile le cul, et d'Esterval le con ; Verneuil rencule Dorothée, et décharge une troisième fois, en maniant les fesses de son neveu qu'il ne cesse d'exalter et d'élever aux nues.
- Dînons maintenant, mon ami, dit Verneuil à son frère ; il est temps de réparer nos forces. Les ivrognes, dit-on, ne font connaissance que le verre à la main ; il faut que les paillards ne la fassent que le vit au cul : le destin est rempli, ne nous en plaignons pas.
Après le meilleur et le plus ample des repas, des promenades séparèrent toute la compagnie ; et M. de Gernande, ordonnant à Justine de le suivre eut avec elle, dans un cabinet du jardin, la conversation dont nous allons rendre compte.
Il lui demande d'abord un récit circonstancié de tout ce que son frère avait fait à sa femme ; et comme Justine indiquait sans approfondir, il lui ordonna de dévoiler le tout avec la plus scrupuleuse attention. Justine détailla donc. Elle se plaignit d'avoir été traitée avec autant de rigueur que madame de Gernande.
- Voyons, lui dit son maître...
Et le paillard s'amusa longtemps de ce coupable et féroce examen.
- Mais ma femme, dit le méchant homme, n'est pas au moins si maltraitée ?
- Tout autant, monsieur.
- Ah ! bon, c'est que je serais fâché que mon frère eût épargné cette putain.
- Vous la détestez donc bien, monsieur ?
- Infiniment, Justine. Je ne la garderai pas encore longtemps ; je ne vis de mes jours une femme qui m'inspirât plus de dégoût. Mais, sais-tu bien, ma fille, que Verneuil est beaucoup plus libertin que moi ?
- Cela est bien difficile, monsieur.
- Cela est : les plaisirs divins de l'inceste, améliorés par tous ceux de la cruauté, sont les plus chers à son âme corrompue. Tu n'imagines pas, Justine, qu'elle est sa volupté de choix ?
- Des enfants, le fouet... des horreurs.
- Tout cela ne sont que des épisodes ; l'inceste, je te le dis, ma fille, est le plus doux des plaisirs de mon frère. Tu le verras demain se vautrer dans ce crime de cinq ou six façons différentes. Cette belle créature que tu prends pour la femme de chambre de madame de Verneuil, dont l'âge est à peu près de quarante ans... eh bien ! Justine, c'est une de nos sœurs, une tante de Bressac, la sœur de sa mère dont tu pleuras si longtemps la mort occasionnée par son propre fils. C'est la famille d'Œdipe que la nôtre, ma chère Justine ; il n'y a pas un seul genre de crime dont on n'y aperçoive un exemple. Nous perdîmes nos parents fort jeunes ; des méchants prétendirent même que ce n'était pas sans que nous y eussions contribué : en vérité cela pourrait bien être ; nous nous permettions tant d'espiègleries... que celle-là pourrait bien être du nombre. Nous avions trois sœurs : l'une, établie avant la mort des auteurs de nos jours, est celle que moissonna Bressac ; la seconde périt victime de nos forfaits ; la troisième est celle que tu vois ; nous lui dérobâmes sa naissance. Élevée comme une fille destinée à servir, mon frère, en se mariant, la mit près de sa femme ; on la nomme Marceline. La jeune personne que tu prends de même pour une femme attachée à madame de Verneuil, est fille de Marceline et de mon frère, ce qui la rend à la fois et sa nièce et sa fille. Elle est la mère des deux petits enfants que tu as admirés, qui doivent également le jour à mon frère. Tous deux, comme tu le crois, ont encore leur pucelage ; et c'est ici où Verneuil a voulu qu'ils le perdissent ; de manière qu'en jouissant de la petite fille, il aura dans elle à la fois une fille, une petite-fille et une nièce. Rien ne l'amuse comme le brisement, le renversement de tous ces liens chimériques ; leur rupture est pour lui le plus grand des plaisirs : ne se contentant point de les heurter dans ses fruits naturels, il les brise de même dans ses enfants légitimes.
- Je le savais, monsieur.
- Mais il faut voir, Justine, comme il élève son fils, comme il lui fait bouleverser, à son exemple, toutes nos institutions sociales... Tu verras comme cet enfant traite sa mère, comme il a déjà foulé aux pieds tous les préjugés religieux et moraux. C'est un sujet délicieux, je l'adore ; je voulais coucher avec lui ce soir, mais son père veut qu'il se repose pour demain.
- Pour demain, monsieur ?
- Oui, demain nous célébrons une grande fête, c'est l'anniversaire de la naissance de ma femme ; peut-être voudrons-nous que les Parques coupent le fil au bout du fuseau... Qui sait ? Dieu lui-même, ce Dieu dont tu crois la fabuleuse existence, ne démêlerait pas... ne devinerait pas la fantaisie des scélérats qui nous ressemblent.
- Oh ! monsieur, dit Justine avec inquiétude si j'étais assez heureuse pour que vous puissiez vous passer de moi dans les orgies que vous projetez ! N'aurez-vous pas assez de monde, et ne vous suis-je pas parfaitement inutile ?
- Non, non, ta douce vertu nous est essentielle ; ce n'est que du mélange de cette qualité charmante et des vices que nous lui opposerons, que doit naître pour nous la plus sensuelle volupté. Ta tendre et chère maîtresse d'ailleurs aura besoin de ton secours... Il faut que tu t'y trouves, Justine... il le faut indispensablement.
- Oh ! quelle corvée, monsieur... participer à tant d'infamies !... Savez-vous bien qu'il n'en est pas de plus affreuses que celles où se livre M. de Verneuil ?... corrompre ainsi sa propre famille !
- Pourrais-je te demander, Justine, ce que c'est qu'une famille ; ce que l'on entend par ces nœuds sacrés, que les sots appellent les liens du sang ?
- Est-il besoin d'une réponse à pareille demande, monsieur ? et peut-il exister un seul être au monde qui ne connaisse et ne respecte ces liens ?
- Cet être existe, mon enfant, et je le suis. Persuade-toi bien, je t'en conjure, que rien n'est absurde comme ces prétendus liens ; convaincs-toi que nous ne devons pas plus à ceux de qui nous tenons le jour, que ceux-là ne peuvent nous devoir.
- Monsieur, répondit vivement Justine, épargnez-moi tout ce que vous pourriez me dire sur cette matière ; j'ai été bercée de ces sophismes, et pas un ne m'a convaincue. Si l'inceste, l'un des plus grands crimes que l'homme puisse commettre, fait la base des voluptés de votre frère, il est, et sera toujours, sous ce rapport, l'être le plus atroce et le plus coupable à mes yeux.
- L'inceste, un crime ! Ah ! mon enfant, dis-moi, je te prie, comment une action qui fait loi sur la moitié de notre globe, pourrait se trouver criminelle dans l'autre moitié ? Presque dans toute l'Asie, dans la plus grande partie de l'Afrique et de l'Amérique, on épouse publiquement son père, son fils, sa sœur, sa mère, etc. ; et quelle plus douce alliance que celle-là, Justine ? en peut-il exister qui resserre mieux les liens de l'amour et de la nature ? Ce fut dans la crainte que les familles, en s'unissant ainsi, ne devinssent trop puissantes, que nos lois en France ont érigé l'inceste en crime ; mais gardons-nous bien de confondre, et ne prenons jamais pour lois de la nature, ce qui n'est que le fruit de la politique. En adoptant même une minute tes systèmes sociaux, je te le demande, Justine, comment serait-il possible que la nature s'opposât à de telles alliances ? Ne resserre-t-elle pas les premiers nœuds qu'elle nous impose selon toi ? Peut-il être à ses yeux rien de plus sacré que le mélange du sang ? Ah ! prenons-y bien garde, Justine ; nous nous aveuglons sur ce que la nature nous dicte à cet égard ; et ces sentiments d'amour, fraternels ou filiaux, lorsqu'ils s'exercent d'un sexe à l'autre, ne sont jamais que des désirs lubriques. Qu'un père, qu'un frère, idolâtrant sa fille ou sa sœur, descende au fond de son âme, et s'interroge scrupuleusement sur ce qu'il éprouve, il verra si cette pieuse tendresse est autre que le désir de foutre ; qu'il y cède donc sans contrainte, et il sentira bientôt de quelles délices la volupté le couronnera. Or, quelles mains, je lui demande, quelles mains lui préparent cette surabondance de volupté ? si ce ne sont celles de la nature. Et si ce sont les siennes, est-il raisonnable de dire que ces actions puissent l'irriter ? Doublons, triplons donc ces incestes tant que nous pourrons, sans rien craindre ; et plus l'objet de nos désirs nous appartiendra de près, plus nous aurons de charmes à en jouir.
- Voilà comme vous légitimez tout, vous autres gens d'esprit, répondit Justine ; mais si votre malheureux génie excuse vos passions dans ce monde, elles n'auront plus, en ce jour terrible où il vous faudra paraître devant le maître suprême de l'univers, un avocat si plein d'indulgence !
- Tu prêches dans le désert, Justine, répondit Gernande, et tu n'opposes que des lieux communs à des vérités sans réplique. Va voir si mes gitons sont prêts ; conduis-les dans mon appartement ; je vais me retirer bientôt ; va, et prépare ta petite conscience et tes grands principes à voir exécuter demain d'étonnantes luxures.
Madame de Gernande inquiète, épuisée, attendait Justine, à dessein de lui demander quelques détails sur ce qui se préparait pour le jour suivant. Notre héroïne crut devoir ne lui rien cacher.
- Ah ! dit cette malheureuse épouse en versant un torrent de larmes, ce sera peut-être demain le dernier jour de ma vie ; il faut que je m'attende à tout, quand ces barbares se trouvent réunis. Ô Justine, Justine ! que ces gens sans mœurs, sans délicatesse, sans principes, sont des êtres dangereux sur la terre !
Cependant, chacun s'arrange pour la nuit, et croit trouver au sein de la plus insigne débauche, les forces nécessaires à en commettre de bien plus horribles le lendemain. Verneuil coucha avec Dorothée, Gernande entre deux mignons, d'Esterval avec madame de Verneuil, et Bressac avec un des valets de chambre de son oncle.
Dès le matin, les vieilles avaient préparé le plus beau salon du château ; on en avait garni le parquet d'un vaste matelas piqué à six pouces d'épaisseur, formant un tapis sur lequel se jetèrent deux ou trois douzaines de carreaux. Une large ottomane fut placée dans le fond de la pièce qu'entouraient tant de glaces, qu'il devenait impossible que les scènes qu'on allait exécuter dans ce superbe local ne s'y multipliassent pas sous mille et mille formes. Sur des tables roulantes d'ébène et de porphyre répandues ça et là, s'apercevaient tous les meubles nécessaires au libertinage et à la férocité : verges, martinets, nerfs de bœuf, lardoires, liens de cordes et de fer, godemichés, condoms, seringues, aiguilles, pommades, essences, tenailles, pinces, férules, ciseaux, poignards, pistolets, coupes de poisons, stimulants de toute espèce, et autres divers instruments de supplices ou de mort ; tout s'y voyait avec profusion. Sur un buffet énorme, en face de l'ottomane, à l'autre extrémité du salon, étaient symétriquement et abondamment disposés les mets les plus succulents et les plus délicats ; la plupart pouvaient se maintenir chauds sans qu'on s'en aperçût. Des carafes de cristal de roche, se mêlant aux porcelaines de Saxe et de Japon qui contenaient ces mets, renfermaient avec profusion les vins les plus exquis... les plus rares liqueurs. Une immensité de roses, d'œillets, de lilas, de jasmin, de muguet, et d'autres fleurs plus précieuses encore, achevaient d'orner et de parfumer ce temple des plaisirs, où se trouvait réuni pour le jour entier tout ce qui, sans avoir besoin de sortir, pouvait satisfaire à la fois et la luxure et la sensualité. Au fond de la salle, artistement placée dans une nue, se voyait l'effigie du prétendu Dieu de l'univers, sous la figure d'un vieillard. Une seconde ottomane régnait au bas de ce nuage ; et l'on y voyait différents attributs de toutes les religions de la terre, des bibles, des alcorans, des crucifix, des hosties consacrées, des reliques et autres imbécillités de cette espèces. Six cabinets voluptueux attenaient le salon, et présentaient, à ceux qui voudraient les occuper, de secrets réduits pour des plaisirs particuliers, et près d'eux de jolies garde-robes garnies de bidets et de fauteuils percés. Une belle terrasse d'orangers, couverte d'une tente, et environnée de jalousies, donnait les moyens de prendre l'air par ses adhérentes au salon ; une large banquette de terre l'entourait, et pouvait, par sa profondeur, voiler à jamais les masses que la scélératesse de ces monstres désorganiserait vraisemblablement dans l'affreux cours de ces orgies... précaution qui prouve à quel point ces libertins aiment le crime, et comme ils consentaient tacitement à le commettre tous de sang-froid.
A dix heures précises du matin, la société se rendit au local préparé, chacun vêtu d'un costume différent, que nous allons tracer en nommant chaque acteur.
Madame de Verneuil y parut vêtue à la manière des sultanes de Constantinople. Aucune parure sans doute n'eût autant servi sa beauté.
Cécile, sa charmante fille, était en brun, sous le costume exact des marmottes de la vallée de Barcelonnette. On n'imagine pas les désirs qu'elle inspirait sous cet habit.
Les attributs de l'Amour embellissaient le jeune Victor.
Marceline était en sauvage.
Sa jeune fille Laurette s'y voyait sous une simple simarre de gaze écrue, agréablement renouée sur les hanches et sur le sein gauche, avec de gros flots de rubans lilas ; un des tétons et la moitié de ses fesses, s'apercevaient par ce moyen. Conduisant par la main ses deux jolis enfants, presque nus, elle ressemblait à la déesse de la jeunesse, entourée des Jeux et des Ris.
Madame de Gernande y vint sous le costume intéressant des victimes qu'on immolait au temple de Diane ; on l'eût prise pour Iphigénie.
Justine était en soubrette, les bras nus ; agréablement couronnée de roses, et sa jolie taille bien développée.
Dorothée se voyait sous l'habit dont les peintres caractérisent Proserpine. Ce vêtement, analogue à son caractère, était de satin couleur de feu.
Les six plus jolis gitons de Gernande y furent introduits sous le costume de Ganymède.
Sous celui d'Hercule et de Mars, parurent John et Constant, les deux valets de chambre de Verneuil.
Lui, d'Esterval, Bressac et Gernande s'y montrèrent revêtus de pantalons de soie rouge, qui leur collaient exactement sur la peau, et qui les enfermaient scrupuleusement depuis la nuque du cou jusqu'aux pieds. Une ouverture ronde, artistement pratiquée par devant et par derrière, laissait à nu les fesses et leurs vits. Ils avaient beaucoup de rouge, et sur la tête un léger turban ponceau. Ils ressemblaient à des furies.
Quatre vieilles, de soixante ans, sous l'emblème de matrones espagnoles, furent admises pour le service intérieur. Et la séance commença.
Tout était debout, formant un demi-cercle, lorsque les maîtres parurent dans la salle. On s'agenouille dès qu'on les voit. Dorothée s'avance à eux, et leur dit :
- Illustres et magnifiques seigneurs, tous les sujets que vous voyez ici ne s'y réunissent que pour obéir à vos ordres. La soumission la plus profonde, la résignation la plus complète, la prévenance la plus entière ; voilà ce que vous allez trouver dans tous. Ordonnez donc à vos esclaves, souverains maîtres de ces lieux ; commandez-leur, et vous les verrez aussitôt se courber dans la poussière, pour y attendre vos volontés, ou voler pour les prévenir. Multipliez vos goûts, exaltez vos penchants, ne donnez nulles bornes à vos passions : nos facultés, nos existences, nos moyens, nos vies, tout vous appartient ; vous pouvez disposer de tout. Pénétrez-vous bien de l'idée du calme dont vous allez jouir ici. Il n'est aucun mortel au monde qui osât troubler vos plaisirs, et tout ce qui vous entoure va ne s'occuper qu'à les rendre plus vifs. Franchissez donc toutes les digues ; ne respectez aucun frein. Ce ne sont pas des êtres aussi puissants que vous que de tristes préjugés populaires peuvent ou doivent enchaîner ; il n'y a de lois dans l'univers que les vôtres ; vous êtes les seuls dieux que l'on doive adorer. D'un seul mot vous pouvez nous confondre ; d'un geste, nous pulvériser ; et, le fissiez-vous même, notre dernier soupir serait encore pour vous exalter, vous chérir et vous respecter.
Dorothée se courbe à ces mots, suce les quatre vits demande la permission de gamahucher les quatre culs ; puis, elle se retire en silence, pour attendre les ordres qui lui seront donnés.
- Mon ami, dit Gernande à son frère, c'est pour toi que cette fête se célèbre, c'est donc à toi de commander ici ; mon neveu, sans doute, y consent ; et notre ami d'Esterval, à qui nous confierons un autre jour les rênes du gouvernement, voudra bien te les céder aujourd'hui.
Tout le monde applaudit ; et Verneuil, revêtu de l'autorité suprême, se place en conséquence dans une espèce de trône, posé sur une estrade recouverte d'un tapis de velours cramoisi, bordé de franges d'or. Aussitôt qu'il y est, les femmes, les filles, les enfants, les garçons et les vieilles viennent humblement lui présenter leurs fesses à baiser, après trois génuflexions préalables. En sortant des mains de Verneuil, on passait successivement dans celles des trois autres amis, placés sur les fauteuils environnant le trône ; et là chacun faisait à peu près ce qu'il voulait à l'objet qui s'approchait de lui.
- Si pendant cette première tournée, dit Verneuil, il vous prend fantaisie de soumettre à des choses plus énergiques quelques-uns des objets qui vont s'offrir à vous, pour ne pas troubler l'ordre, vous irez à l'instant vous enfermer dans un cabinet ; et, votre passion une fois apaisée, vous ramènerez l'objet dans le cercle.
Bressac est le premier qui profite de l'avertissement ; il ne peut voir à découvert les fesses charmantes de Victor, son petit-neveu, sans désirer d'aller plus loin ; il l'entraîne dans un de ces boudoirs, pendant que d'Esterval, enthousiasmé de Cécile, va lui faire subir également les premiers feux de sa passion. Gernande en fait autant avec Laurette. Verneuil passe avec Marceline, suivie de ses deux petits enfants ; et Dorothée, à laquelle on avait accordé tous les privilèges des hommes, va s'enfermer avec Constant.
- Mes amis, dit Verneuil en se replaçant, comme l'aveu public des voluptés où l'on s'est livré ne peut que disposer à l'embrasement général des désirs, j'exige que chacun rende compte à haute voix, et le plus en détail possible, de toutes les luxures dans lesquelles il vient de se plonger. Parlez, Gernande ; vos amis vous suivront. Souvenez-vous surtout d'écarter les gazes, de peindre à nu, et d'employer tous les mots techniques : gazons la vertu, si l'on veut, mais que le crime marche toujours à découvert.
Gernande se lève.
- Je me suis enfermé, dit-il, avec Laurette ; je lui ai sucé la bouche et le trou du cul ; elle a tété mon vit pendant que je lui léchais les aisselles ; j'ai sucé ses bras aux saignées ; je lui ai donné six claques sur le ventre, dont vous voyez, je crois, les empreintes ; elle a baisé mes fesses, et je l'ai forcée à gamahucher mon derrière.
- Avez-vous bandé ?
- Non.
- Les titillations du plaisir ont-elles été vives ?
- Médiocres.
- Votre imagination s'est-elle échauffée sur des choses plus fortes ?
- Oh ! j'en désirais d'affreuses.
- Pourquoi ne vous y êtes-vous pas livré ?
- Elles eussent ravi le sujet à la société ; j'ai voulu l'en laisser jouir.
- Jetez-vous aux pieds de Gernande, Laurette, et remerciez-le de ses bontés...
Laurette exécute ; et c'est à Bressac à répondre.
- Je me suis enfermé avec Victor, dit-il ; je l'ai foutu en bouche ; j'ai sucé la langue au moment où mon vit quittait ses lèvres ; j'ai gamahuché son cul, et je l'ai sodomisé.
- Avez-vous travaillé le moral ?
- Infiniment ; il n'y a point de vertus que je n'aie détruites, point de vices que je ne lui aie fait chérir.
- Quelle a été, dans vous, la dose de volupté ?
- Très violente.
- Avez-vous perdu du foutre ?
- Non.
- Avez-vous désiré de faire pis ?
- Assurément.
- Avez-vous beaucoup blasphémé en agissant ?
- Beaucoup.
- Votre vit est-il sorti pur ou immonde de l'anus du jeune homme ?
- Il en est sorti plein de merde.
- Pourquoi ne le lui avez-vous pas fait sucer ?
- Je l'ai fait.
- Avez-vous sucé sa bouche après ?
- Oui.
- En quel état est votre vit ?
- Vous le voyez, il bande.
- Faites entretenir cela par un giton. A vous, d'Estreval.
- J'ai gamahuché le con de Cécile, j'y ai plongé mon vit, et suis revenu pomper le foutre que cette attaque a fait exhaler ; j'ai sucé sa bouche ; j'ai baisé ses fesses, sur lesquelles vous voyez les marques de six claques bien appuyées.
- Avez-vous enculé ?
- Non, je la ménageais.
- Avez-vous désiré le cul ?
- Oui.
- Votre foutre a-t-il coulé ?
- Non.
- Votre tête s'est-elle échauffée sur cette jeune fille ?
- Étonnamment.
- A-t-elle baisé votre cul ?
- Elle y a mis la langue.
- Lui avez-vous mit le vit dans la bouche ?
- A plusieurs reprises.
- Quel est l'état de votre vit ?
- Il bandaille.
- Choisissez quelqu'un pour vous maintenir. C'est votre tour, Dorothée.
- Je me suis fait foutre par Constant.
- Vous l'a-t-il posé dans le cul ?
- Oui.
- Bandait-il bien ?
- A merveille.
- A-t-il déchargé ?
- Non.
- Où donc a-t-il perdu son foutre ?
- Je l'ai avalé.
- Avez-vous baisé son cul ?
- Oui.
- A-t-il sucé votre clitoris ?
- Je le lui ai mis dans le derrière.
-Vous avez désiré pis ?
- Oh ! cent fois.
- A mon tour maintenant, mes amis, dit Verneuil en se levant. Vous m'avez vu passer avec ma sœur Marceline, escortée de ses deux petits-enfants, fruits de mon inceste avec l'enfant de ma sœur, eh bien ! Marceline m'a fouetté, j'ai baisé le cul de mes petits-enfants, j'ai mis mon vit entre leurs cuisses, et j'ai sodomisé ma sœur.
- Avez-vous déchargé ? dit Gernande.
- Non.
- Avez-vous fait baiser votre cul ?
- Oui.
- A-t-on sucé votre engin ?
- Oui.
- Votre sperme a-t-il été répandu ?
- Non.
- Sur quoi votre tête s'est-elle égarée ?
- Sur des horreurs.
- Nous promettez-vous de les exécuter ?
- Certainement.
- Allons, dit Verneuil, occupons-nous de choses plus sérieuses. Il faut que chacun de nous... (Dorothée, vous serez toujours comprise parmi les hommes, vous en êtes digne), il faut, dis-je, que chacun de nous aille écrire sur cette table le désir qu'il a d'une lubricité quelconque, et qu'il le signe. Ces cinq billets seront ballottés dans un calice que présentera l'une des vieilles. Dix individus que je vais désigner tireront, deux par deux, chacun de ces billets. Chaque couple échoira au signataire du billet qu'aura tiré ce couple, et satisfera la passion énoncée dans ce billet. Le hasard seul déterminera le traitement que devra subir ce couple, lequel devra toujours être assez violent, pour faire jeter des cris à l'être qui le subira.
Madame de Gernande et sa fidèle Justine tireront le premier billet.
Madame de Verneuil et Laurette, le second.
Marceline et Lili, le troisième.
Cécile et Rose, le quatrième.
Une des vieilles, et le plus joli des gitons, tireront le cinquième.
Vous voyez que j'excepte Victor ; les dispositions que vous lui reconnaîtrez incessamment le rendent plutôt digne d'être au nombre des agents, que dans la classe des patients.
Les cinq billets s'écrivent ; une vieille les ballotte dans un calice, et, se plaçant sur l'ottomane, au bas du symbole de l'Être suprême, chaque couple vient tirer tour à tour, et est obligé de lire à haute voix le sort qui lui est échu.
D'Esterval a manifesté le vœu de pincer fortement les fesses, de mordre les trous du cul et les clitoris. Madame de Verneuil et Laurette lui échoient.
Bressac déclare qu'il enculera... qu'il pincera les tétons, et qu'il donnera de vigoureux soufflets. Madame de Gernande et Justine lui sont aussitôt livrées.
Dorothée piquera avec une épingle les parties du corps les plus sensibles, et chiera sur les deux visages. La vieille et le giton lui sont décernés.
Gernande déclare qu'il fera, sur chaque individu, six légères piqûres avec ses lancettes, et qu'on le sucera. Cécile et Rose forment son lot.
Verneuil annonce qu'il fustigera jusqu'au sang. Marceline et Lili lui appartiennent.
C'est au pied du sofa, placé près de l'emblème de Dieu, que les destins ont été consultés ; c'est sur ce même sofa que vont s'accomplir les sorts. Ils s'exécutent ; et Bressac est le seul qui ne peut les accomplir sans perdre son foutre ; c'est au fond du cul de Justine qu'il l'exhale, pendant qu'il soufflette si cruellement la pauvre madame de Gernande, que les larmes coulent de ses yeux.
Ces différentes scènes avaient déjà, comme on le croit bien, fait disparaître tous les vêtements, et l'on ne voyait plus que des nudités.
- C'est sur ma femme, maintenant, s'écria M. de Verneuil, oui, mes amis, c'est sur elle que doivent tomber les vexations. John, et vous, Constant, étendez cette malheureuse à terre sur ces piles de carreaux, et que chacun aille aussitôt lui imposer un genre de supplice au gré de sa perfide imagination. Vous, Cécile, ma fille et la sienne, placez-vous sur l'ottomane sacrée (c'est ainsi que se nommait celle qui se voyait aux pieds de la représentation du Bon Dieu) ; les plaisirs que vos charmes vont procurer serviront de récompense aux bourreaux de votre mère. Je réglerai les prix, et les distribuerai en raison de l'énergie avec laquelle on aura molesté ma femme. Victor, placez-vous près de Cécile, afin d'offrir de plus délicats plaisirs à ceux qui préféreront votre sexe.
Puis, montrant sa femme d'un côté, et ses deux enfants de l'autre :
- Courage, mes amis, s'écrie-t-il ; voilà la victime, et voici la récompense.
Marceline est après de lui, elle le branle ; deux gitons lui prêtent leurs fesses. On part.
Gernande impose le premier ; et sa perfide lancette incise en quinze endroits, mais légèrement, les belles chairs de l'infortunée offertes à ses fureurs ; il se jette sur Victor, et s'en fait sucer.
Dorothée suit, et comprime si fort les seins de madame de Verneuil, qu'elle lui occasionne d'affreuses convulsions ; elle se rue sur Cécile, et la tribade lui décharge au nez.
D'Esterval suit sa femme ; il épile madame de Verneuil, et lui pique au sang les babines du con ; l'anus de Victor le console ; il y vient faire sa décharge.
Bressac caresse sa tante à grands coups de poing dans le nez ; elle en saigne ; il la sodomise... lui tire les oreilles jusqu'à lui fendre la peau, et revient, comme d'Esterval, enculer le charmant Victor.
Verneuil s'approche. On croit sans peine qu'il ne ménagea pas sa femme ; il la bat, la pince, la moleste ; et c'est dans le beau cul de Cécile qu'il apaise aussitôt son ardeur.
- A toi, Victor, dit-il à son fils ; voyons comme tu traiteras ta mère : admire sous tes yeux un parent qui ne marchanda pas si longtemps la sienne ; ô Bressac ! encouragez votre neveu à vous imiter un jour !
Le jeune Victor se présente. C'est sa mère qu'un père féroce et brutal lui ordonne d'insulter ; et c'est sa sœur qui va lui servir de récompense. Hélas ! le jeune enfant ne se prête qu'avec trop de complaisance aux infamies qu'on ose exiger, il n'est pas besoin de lui rien prescrire.
- Belle maman, dit le petit libertin, je sais ce qui vous désespère ; trouvez bon que je l'entreprenne. Tournez-moi ce beau cul, pour que j'en jouisse de toutes les manières qui vous vexent le mieux.
Il n'y avait pas à résister. Les vieilles, entourant la victime, l'eussent à l'instant contenue, si elle se fût avisé d'opposer la moindre contrariété. Victor, armé d'une poignée de verges, osa porter une main parricide sur celle dont il reçut le jour. Encouragé par Gernande, Bressac, d'Esterval, et par Dorothée même, le monstre, à l'instar de Bressac, fouette sa mère à tour de bras. Le croira-ton ? Verneuil, pour mieux exciter son fils, lui branle le vit en dessous, pendant qu'il contient sa femme. Le petit libertin, tout ému, plus beau que l'Amour même, malgré les horreurs qui le dégradent, s'écrie :
- Mon père ! ah ! oui, oui, tiens-la moi ; tiens-la moi bien, pendant que je l'encule.
Et le complaisant Verneuil, fixant les reins de son épouse, place soigneusement le vit de son fils au cul de sa tendre moitié. Voilà Victor au fond, l'inceste se consomme, pendant que ce père coupable excite, sert lui-même, en mille voluptueuses manières, les impudiques plaisirs de ce fils criminel.
- Comment cueillir maintenant le prix offert ? dit Verneuil à Victor ; ton épuisement te le permettra-t-il ?...
- Épuisé ?... moi ? dit le fripon en faisant voir que l'assaut qu'il vient de livrer n'a fait qu'aiguiser ses armes, voyez, sacredieu, ce vit-là ; voyez s'il n'est pas en état de faire à ma sœur ce qu'il vient d'entreprendre avec ma mère. J'insinuerai dans le cul de la fille la merde que je viens de pêcher dans celui de la maman ; rien de plus délicieux au monde !
Et se jetant sur Cécile, il la met dans la même attitude où il vient de placer sa mère. Le fripon s'apprête à la traiter également, lorsque Verneuil suspendant les fureurs de son fils, le prie d'en retarder un moment le cours, pour mettre plus d'ordre à ses voluptés. Cécile, agenouillée sur le saint sofa, présente en plein la double route des plaisirs : Verneuil prépare les voies ; il introduit son fils dans celle de Sodome. A cheval sur les reins de Cécile, est, avec soin, placée Laurette, qui présente aux baisers du jeune homme, à l'endroit, le temple le plus frais et le plus mignon qu'ait encore eu l'Amour sur terre. De droite et de gauche, mesdames de Gernande et de Verneuil offrent leurs culs à patiner. Verneuil encule son fils ; John le lui rend. Bressac, d'Esterval, Gernande et Dorothée, ivres de ce spectacle, l'entourent... le premier en sodomisant un giton, le second pollué par Marceline dont il pince les fesses, le troisième sucé par Lili, et la quatrième enconnée par Constant. Au bout d'une courte carrière, tout le monde atteignant le but, des flots de foutre impurs, sodomites, incestueux, s'élancent de toutes parts aux yeux de l'Éternel, mis là pour être insulté ; et, en épuisant ceux qui les perdent, les contraignent à d'indispensables réparations.
On s'approche du buffet. Les pâtés, les jambons, les volailles, les perdrix se taillent, se découpent, les flacons se débouchent, tout s'avale ; mais, peu d'instants après, l'exigeante déesse de Cythère rappelle à ses autels déserts tous ces sectateurs de Comus.
- Mes amis, dit Verneuil en reprenant poste, nous avons tout à l'heure consulté le sort sur nos plaisirs : je suis d'avis maintenant d'interroger l'Être éternel sur le même objet. Le voilà sous vos yeux, ce Dieu suprême qui connaît l'avenir ; j'ordonne donc à chacun d'aller se placer debout devant lui, le vit à la main, et de le consulter par la formule que vous allez trouver au pied de son trône. Le grand Être dont je suis ici le ministre, et dont j'ai reçu les ordres ce matin, vous répondra par un billet ; vous en exécuterez le contenu. Vous vous ressouviendrez que le style des décrets d'un Dieu est toujours un peu louche ; vous aiderez à la lettre ; vous devinerez l'intention, et vous agirez. La manière dont vous venez de vous conduire, Victor, assure, plus que jamais, votre rang parmi nous ; vous ne vous prêterez donc plus comme patient, qu'autant que le jeu vous plaira. Commencez Gernande ; allez consulter Dieu.
Gernande, dans l'attitude prescrite, prononce à haute voix les paroles qu'il trouve, et que nous allons transcrire mot à mot.
« Méprisable image du plus ridicule fantôme, toi qui n'es bien placé que dans un bordel, toi qui n'es bon qu'à régler les plaisirs du cul, que faut-il que je fasse pour rebander ? Fais-le moi connaître ; j'exécuterai ce que tu me prescriras ; mais en te protestant que c'est la seule chose sur laquelle je veuille t'obéir ; mon mépris et ma haine sont trop constatés, trop certains, pour que je doive jamais me soumettre à toi sur d'autres objets. »
A peine Gernande a-t-il prononcé, qu'un rouleau de satin blanc, lancé par la bouche de l'Éternel, tombe à ses genoux. Il le développe, il y lit ces mots :
« Prends ta belle-sœur et Marceline ta sœur ; passe avec elles dans un boudoir ; là, tu mêleras le sang, et tu boiras le foutre. »
Gernande s'enferme aussitôt. Nous ne répéterons plus que tous en firent de même, dès qu'ils eurent reçu leur décret.
Bressac succède ; il lit la même formule ; le rouleau tombe. On y disait : « Prends deux gitons, et marque-les. »
Dorothée suit ; le rouleau dit : « Que la Gernande et Constant te suivent ; deviens à la fois le bourreau de l'une, la putain de l'autre. »
D'Esterval paraît : « Prends Cécile et Lili lui dit le rouleau ; et ne ménage celui-ci que pour accabler la première. »
Verneuil arrive : « Justine et John t'appartiennent, exprime le rouleau ; hasarde ton secret avec la première, que le second te venge si l'on te refuse. »
Victor termine : « Prends deux gitons, dit l'oracle, et rends-toi digne de ton père. »
L'impossibilité où nous voici maintenant de suivre chacun des acteurs dans son cabinet de retraite, est cause que nous ne nous attacherons, avec la permission de nos lecteurs, qu'à celui d'entre eux qui met notre héroïne en scène.
- Justine, dit Verneuil dès qu'il est enfermé avec elle, faisons passer un moment ce garçon dans la garde-robe, et écoutez-moi avec attention. La voix du Dieu de l'univers vient de m'apprendre que je pouvais t'initier dans mon secret ; je vais le faire ; n'en abuse pas, et tâche surtout que je n'aie pas à me repentir de ma confiance.
Il m'est impossible de te cacher, ma chère, que tu as quelque chose en toi qui me plaît excessivement. Mon frère te trouve de l'esprit, mais trop de pruderie ; écarte ce nuage qui nuit à tes attraits ; renonce à tes sottes pratiques de religion, de vertu, et parcours avec moi la route la plus épineuse du crime. Consens à venir dans mes terres, et ta fortune est faite ; mais il faut, si tu acceptes, avec un courage infini... un abandon... une résignation totale...
- Oh ! monsieur, de quoi s'agit-il ?
- D'une horreur. Persuade-toi d'abord, mon enfant, qu'il n'existe pas dans le monde un mortel plus scélérat que moi ; il n'en est aucun qui porte aussi loin le goût du crime et de l'atrocité. Pour satisfaire mes intentions perverses sans autant de risques que les malfaiteurs ordinaires, et pour multiplier mes victimes, par une insigne trahison qui met tous mes sens en feu, dans un embrasement indicible, je me sers d'une poudre qui porte aussitôt la mort dans le sein de ceux qui la respirent ou qui l'avalent. Cette poudre est tirée de la racine d'addad, qui croît dans l'Afrique [En Numidie], mais dont les curieux peuvent élever des plantes. Le poison qui s'en extrait est si violent, qu'une très petite dose suffit à donner la mort la plus prompte et la plus douloureuse. Tu n'imaginerais pas, ma chère fille, l'innombrable quantité de victimes qui périssent ainsi traîtreusement sous mes coups. Mais comme celui qui se livre au crime désire toujours au delà de ce qu'il exécute, peu satisfait encore de la multiplicité d'individus qui tombent près de moi, je m'occupe d'un moyen d'étendre ces actions. Pour y réussir, j'ai besoin d'une aide... J'ai jeté les yeux sur toi ; munie de ma poudre infernale, c'est le nom que je lui ai donné, tu parcourrais les villes, tu distribuerais ce venin ; et je goûterais le bonheur sans égal d'ajouter tes crimes aux miens, et de les regarder comme personnels, puisqu'ils deviendront mon ouvrage.
- Quoi ! monsieur, de telles horreurs ?...
- Me composent les plus doux plaisirs que je puisse goûter dans le monde : l'action, quand je m'y livre, irrite d'abord incroyablement mes esprits ; en apprends-je ou en vois-je la consommation, mon foutre échappe aussitôt, sans que j'aie besoin d'autres secours.
- Oh ! monsieur, que je plains ceux qui vous entourent !
- Non ; ma femme, mes enfants, mes domestiques, ne courent aucun risque ; ils me procurent d'autres plaisirs, dont je serais obligé de me passer sans eux ; mais tout le reste, Justine, oh ! tout le reste m'échauffe... m'excite... me met aux nues. Plus ambitieux qu'Alexandre, je voudrais dévaster toute la terre, la voir jonchée de mes cadavres.
- Vous êtes un monstre ; votre perversité doublera en raison de ce que vous lui donnerez de l'essor, et les êtres sacrés que vous voulez bien ménager aujourd'hui seront bientôt sacrifiés à leur tour.
- Tu crois, Justine, dit Verneuil en maniant les fesses de celle qu'il cherche à séduire, et lui faisant empoigner son vit très irrité de ces propos ?
- J'en suis sûre.
- Et quand cela serait, mon ange, commettrai-je donc un si grand mal ?
- Affreux, monsieur, exécrable... Et moi-même ne deviendrais-je pas aussi votre victime ?
- Jamais, tu me serais trop précieuse... trop nécessaire pour cela.
- Ah ! je n'en serais que plus tôt sacrifiée, si j'avais le malheur d'accepter vos offres. Ce qu'un criminel fait de plus sage est d'anéantir ses complices ; et de toutes les horreurs où il se livre, celle-là, sans doute, est la plus convenable.
- Je n'ai qu'un mot à répondre à tes objections, Justine. Tu serais maîtresse de la poudre, tu aurais dès lors sur mon existence les mêmes droits que je pourrais acquérir sur la tienne.
- Oh ! Verneuil, il n'y a de dangereux que les armes qui se trouvent dans la main du crime ; si la vertu les possède un instant, elle ne s'en sert que pour les ravir à ceux qui peuvent en abuser.
- Mais tu crois donc, ma fille, qu'il y a un grand mal à me satisfaire ainsi ?
- C'est la plus abominable de toutes les horreurs, parce qu'elle est, de toutes les manières de commettre le meurtre, la plus traîtresse et la plus dangereuse... celle dont on peut le moins se défendre.
- Instruite par mon frère, répondit Verneuil, je ne te répèterai point ce que lui, ou les autres philosophes avec lesquels tu as passé ta vie, ont pu te dire pour te prouver la nullité du prétendu crime appelé meurtre ; je ne m'attacherai qu'à te faire comprendre que de toutes les façons d'y procéder, celle qui ne fait point couler de sang est la moins affreuse sans doute. Et, en effet, tu m'avoueras, Justine, que si quelque chose répugne dans l'action de détruire son semblable, c'est la violence qu'on exerce sur lui, c'est le sang qu'on fait jaillir de ses veines ; c'est, en un mot, le spectacle de ses meurtrissures et de ses plaies. Rien de tout cela dans le poison : aucun acte violent ; la mort frappe sous vos yeux la personne condamnée, sans bruit, sans scandale, à peine vous en doutez-vous. Ô Justine, Justine, c'est une délicieuse chose que le poison ! que de services il a rendus !... que de gens il sut enrichir !... de combien d'êtres inutiles il a purgé le monde !... de combien de tyrans il a déchargé la terre !... Dans le cas, par exemple, où il s'agit de briser les fers du despotisme, la tyrannie d'un père, d'un époux... d'un maître injuste, y réussit-on autrement et plus sûrement que par le poison ? Ah ! si ce suc précieux n'était pas nécessaire à l'homme, la nature nous l'eût-elle donné ? Y a-t-il une seule plante sur la terre qui nous soit inutile, une seule dont elle ne nous accorde la permission d'user à notre gré ? Employons-les donc toutes sans choix aux besoins que cette même nature nous inspire ; que les unes nous substantent et corroborent nos forces ; que celles-ci nous dégagent des humeurs dont la trop grande abondance nuirait à notre santé ; que celle-là nous délivrent des individus qui nous sont à charge ; tout cela est à sa place, tout cela est dans l'ordre. La nature l'offre et le prescrit à la fois ; il n'y a que les sots qui, ne voulant pas l'entendre, ou la repoussent ou l'interprètent mal.
- Mais, monsieur, dit Justine, jamais votre frère ne m'a parlé de semblables horreurs.
- Ce ne sont pas ses fantaisies, dit Verneuil ; il a une autre manière de faire le mal ; il s'en tient là. Chacun outrage les lois, la religion et les conventions sociales à sa guise, et l'on ne doit pas discuter des goûts.
- Eh bien ! monsieur, je vous plains d'en avoir de pareils, et vous proteste en même temps que je ne les servirai jamais.
Malheureuse fille, tu ne savais pas à quel point tes refus enflammaient cet insigne libertin !
Verneuil passe promptement de la luxure à la rage :
- Allons, dit-il, puisque la séduction ne produit rien, il faut au moins que la force me satisfasse ; tourne-moi ce cul qui m'enflamme.
Le vilain le claque, le baise, le mord et ordonne à Justine de chier... La tremblante victime obéit ; au fait de toutes ces paillardises, elle croit apaiser son persécuteur, en le satisfaisant. Verneuil analyse l'étron, il le respire et l'avale...
- Charmante fille, dit-il en se relevant, vous venez de me faire goûter un plaisir délicieux pour moi ; il en est peu qui me flattent davantage. Je l'avoue, j'aime la merde à la folie. Mais je me croirais redevable envers vous, si j'avais reçu sans rendre ; ayez donc la bonté de prendre ma place, je vais m'établir à celle que vous quittez ; ce que vous m'avez donné, Justine, vous le recevrez de moi ; vous mangerez ma merde comme j'ai mangé la vôtre.
- Grand Dieu ! mon cœur se soulève.
- Oh ! foutre, cela m'est bien égal ; résigne-toi sur-le-champ, coquine, ou je te fais tenir par l'homme qui attend près d'ici mes ordres ; et si tu m'y forces, putain, attends-toi à la plus extrême rigueur.
- Faites ce que vous voudrez, monsieur ; il m'est impossible de me prêter à une telle infamie.
John paraît aussitôt ; il était muni de deux pistolets ; il en remet un à Verneuil ; et tous deux appliquent le bout de l'arme qu'ils ont en main, sur une des tempes de Justine. La malheureuse, effrayée, se place.
- Contiens l'attitude, dit Verneuil au valet, en se mettant à cheval sur le sein de notre héroïne, et fais-lui ouvrir la bouche avec le canon de ton pistolet : si elle refuse de bonne grâce : point de pitié pour une fille désobéissante.
Hélas ! tout ne s'arrange que trop suivant les désirs de cet homme infâme. Il tâte avec son cul s'il est perpendiculairement placé sur le visage de Justine ; s'y voyant d'aplomb, il lâche sa bordée, et remplit la bouche de cette pauvre fille de la plus infecte et de la plus dégoûtante matière.
- Ce n'est pas tout, dit-il en se relevant pour contempler son odieux ouvrage, il faut qu'elle avale.
Justine est menacée de nouveau. Que ne fait pas faire la frayeur ? La malheureuse obéit, mais son estomac se renversant aussitôt, on voit qu'elle va rendre avec usure ce qu'on vient de la contraindre à prendre. Le croira-t-on ? pourra-t-on se faire une assez juste idée de la passion effrénée de cet impudique, pour comprendre les saletés auxquelles il se livre ? Verneuil qui, pendant cette dernière opération, n'avait cessé de se faire polluer par John, et de le polluer également, l'infâme Verneuil colle sa bouche sur celle de Justine à l'instant où il la voit rendre gorge, et reçoit dans ses entrailles le dégoûtant superflu de celles de la victime de sa lubricité.
- Voilà ce qu'il me fallait pour en venir au fait, dit-il à John. Allons, putain, ton derrière ; tu sais que je n'ai pas encore sondé ce beau cul ; je veux le foutre.
Facilitée par John et par l'état de souffrance dans lequel est Justine, l'entreprise réussit aisément. Quelque prodigieux que soit le membre de Verneuil au moyen de la violence avec laquelle il s'y prend, et de l'impossibilité où est Justine de se défendre, l'outil disparaît bientôt.
- Bon, je la tiens, dit-il ; viens m'enculer maintenant, mon cher John ; viens me rendre ce que je fais à cette garce.
Les deux opérations s'enclavent, se marient ; mais notre triste aventurière est loin de prévoir le dénouement que lui prépare la férocité de ce monstre. Appuyée sur le canapé qui la soutenait, tout son corps y pèse avec force : Verneuil, maître d'un ressort, le lâche ; le canapé s'enfonce ; et Justine, entraînée, quitte la cheville par laquelle elle est fixée, et tombe, à plus de vingt pieds de profondeur, dans un vaste bassin d'eau à la glace, préparé pour la recevoir. Tel est le moment de l'éjaculation de Verneuil ; sa main achève la besogne.
- Oh foutu bougre de dieu, s'écrie-t-il, elle m'échappe. Et le sperme, dont il aurait arrosé sans cela le cul de la victime, coule à gros bouillons sur les flots où se débat cette malheureuse. Ordonne qu'on la pêche, dit flegmatiquement Verneuil à John qui venait de lui décharger dans le cul ; va, car la gueuse pourrait bien se noyer, et nous en avons encore besoin : je l'y laisserais, ma foi, sans cela.
Notre homme revient au salon après ce bel exploit. Gernande, Bressac, d'Esterval, Victor et Dorothée, y rentraient presque en même temps. Chacun se rendit compte avec intérêt des plaisirs solitaires dont il venait de jouir. Il n'y avait pas eu un seul cabinet où quelques semblables espiègleries n'eussent été mises en exécution ; et, comme tous avaient également des trappes, chacun de ces scélérats prévenus s'en était servi de même. Mais les embûches étaient différentes. Un des mignons de Bressac, celui qu'il enculait, était tombé dans les commodités, et l'on ne savait comment faire pour l'en sortir. Dorothée avait précipité la Gernande sur des fagots de ronces. La jolie Cécile, plus jeune et plus ménagée, jetée sur des matelas par d'Esterval, en avait été quitte pour la peur. Victor avait laissé tomber l'un des gitons qui lui avait été confié, dans les flammes d'esprit-de-vin, ce qui avait fait croire à ce malheureux jeune homme qu'il allait périr par le feu. Et Gernande, enculant la Verneuil, l'avait laissée couler sur trente bougies allumées qu'elle avait éteint de son corps. Les victimes, baignées, rafraîchies, reparurent ; et l'on s'occupa d'un plan général.
- Je me sens mieux en train que jamais, dit Verneuil, plus j'avance dans la carrière de la luxure, et mieux je bande. La perte de la semence fatigue... absorbe les hommes ordinaires ; elle m'irrite, moi, elle me prépare à de nouveaux actes libidineux ; plus je décharge, et plus je suis libertin. Placez-vous tout le long de ce vaste canapé, les genoux sur le bord ; et exposez-moi vos fesses indistinctement. Filles, garçons, femmes, vieilles, il faut, sacrenom d'un dieu, que tout y passe, excepté ces deux jeunes enfants, poursuit-il en montrant Rose et Lili ; je les réserve pour une autre occasion.
On s'arrange, en observant d'entremêler les sexes. Bressac est le premier qui fait voir les fesses à son oncle. Marceline venait ensuite ; sitôt qu'elle a reçu son offrande, elle s'empare d'une poignée de verges, et suit son frère en le flagellant. L'infernal Verneuil ne fait grâce à pas un. Il sodomise les hommes et les vieilles avec la même ardeur que les filles et les garçons. Il parvient enfin à Gernande, sans avoir couronné son extase ; il encule son frère. « Vieux bougre, lui dit-il, si j'avais à décharger, ce serait bien sûrement dans ton cul libertin ; car il y a longtemps qu'il me fait bander ; mais de nouveaux plaisirs m'appellent, et je me réserve. »
La chaîne se rompt. « A toi, mon fils, dit Verneuil à Victor ; tiens, vois ta mère et tes sœurs ; ne les vexeras-tu pas un peu ? Imite-moi donc avec elles ; sodomise-les toutes les trois. » L'immoral enfant, conduit par son père, encule les trois individus désignés, pendant que Verneuil le fout lui-même. Le paillard, égaré de nouveau, se fait donner des verges ; et tombant sur les trois putains de son fils, il les met en sang toutes trois. Remettant l'arme à son écolier :
- Fouette ta mère, étrille tes sœurs, lui dit-il ; ne les ménage pas, ne crains pas surtout d'outrager la nature. Ce n'est jamais qu'au delà des bornes connues, que la bougresse a fixé le plaisir ; on ne le saisit bien qu'en dépassant les limites que les sots prétendent qu'elle nous prescrit. Point de voluptés sans crime. Ah ! comme ils travaillaient pour nos plaisirs, ces législateurs imbéciles qui prétendaient donner des lois à l'homme : s'en foutre, et les toutes enfreindre, mon ami, voilà le seul art de jouir. Connais cet art, et brise tous les freins.
- Papa, dit le petit fripon en étrillant sa mère de toutes ses forces, tu sais qu'il y a longtemps que je te demande la permission de fouetter maman sur la gorge ; accorde-moi donc cette faveur, et tu vas voir mon vit comme il écumera.
Une telle effervescence enflamme tout le monde. Bressac baise mille fois un enfant si semblable à lui ; Gernande veut que sa femme se réunisse à madame de Verneuil. Comme tante, dit ce libertin, elle a, ce me semble, des droits à l'intempérance de ce cher neveu. Les deux victimes sont placées à genoux, le dos appuyé contre le sofa sacré ; et le barbare enfant, que chacun contemple à plaisir, sans calculer les suites funestes d'un caprice aussi dangereux, frappe indifféremment de ses verges les belles gorges exposées à ses cruautés. Un tel spectacle échauffe l'assemblée. Bressac encule d'Esterval qui lui-même sodomise un giton ; Gernande suce les vits de John et de Constant, pendant que Marceline le fouette ; et Dorothée, s'emparant de Justine, lui enfonce son clitoris dans le cul. Cependant madame de Verneuil, sur laquelle la rage de ce petit scélérat semble s'exercer avec le plus de plaisir, s'évanouit sous les coups qui lui sont portés ; et le monstre, oubliant, profanant la plus sainte loi de la nature, ose arroser de foutre le sein ensanglanté qui lui donna la vie.
Le jour avançait, et les forces commençant à s'épuiser, on imagina, pour les réparer, d'ouvrir encore quelques pâtés, de faire sauter quelques bouteilles de vin de Champagne, et d'interroger ensuite l'image de Dieu, à dessein de savoir l'art auquel on aurait recours pour retrouver une énergie dont on avait besoin au dénouement.
Les estomacs remplis, et les têtes allumées, Verneuil après avoir fait baiser trois fois son cul à l'Éternel, lui demande par quel procédé il croit qu'on peut reprendre un peu de vigueur.
- Par des supplices particuliers, répond l'image divine. Que chacun repasse dans ses cabinets, et qu il se serve de l'instrument qu'il y trouvera établi. Vous, Gernande, emparez-vous de madame de Verneuil ; vous Verneuil, prenez votre fille Cécile ; que d'Esterval prenne madame de Gernande ; Dorothée passera avec Laurette et Marceline ; Victor, aidé de Constant, s'enfermera avec Justine.
Seulement, obligés de suivre ici notre héroïne, nous ignorons quels furent les supplices où les autres furent condamnés. Nous dirons simplement que notre malheureuse aventurière trouva, dans le cabinet qui lui était destiné un meuble de torture, en usage parmi les bourreaux d'Italie. Fixée sur le croupion au haut de cette infernale machine, ses quatre membres étaient attachés en l'air, et son corps pesant sur cette partie chatouilleuse et faible que soutenait le fatal instrument, lui occasionnait, au moyen de ce poids, une douleur si violente, qu'il en résultait un rire sardonique, extrêmement curieux à examiner. On n'imagine pas le plaisir qu'eut Victor de faire établir là, par celui qui l'aidait, la triste et malheureuse Justine. Le petit scélérat l'y contint près d'une demi-heure, en se faisant branler par Constant ; puis, courant chercher son père :
- Oh ! mon ami, lui dit-il, j'ignore à quel supplice tu condamnes ta fille Cécile ; mais je te jure qu'il ne peut d'imposer être de plus délicieux que celui que je viens d imposer à Justine ; viens-y placer ma sœur, je te le demande avec instance.
Verneuil, que rien ne satisfaisait, et qui ne se trouvait pas assez délecté des affreuses douleurs qu'arrachait à Cécile un horrible chevalet sur lequel il l'avait posée, la détache et la conduit sur la manivelle italienne. « Il faut les foutre au sortir de là, dit Verneuil à son fils. » Tous deux consomment ce dernier crime, se nichent ensemble, l'un au con de sa fille, l'autre au cul de Justine, et déchargent à la fois, en molestant les charmes de l'une et de l'autre victime... déjà rompues de la séance questionnaire où ces scélérats viennent de les soumettre.
C'est l'instant de frapper les grands coups. Jusqu'alors les deux enfants de Verneuil et de Laurette sa fille, étaient, pour ainsi dire, restés dans l'inaction. A la flétrissure des prémices de ces deux beaux enfants, consistaient les grands projets de ces jours de fête. Tout, dans ce délicieux sacrifice, flattait excessivement Verneuil : ces individus étaient du plus bas âge, et voilà comme il lui fallait des victimes ; ils étaient à la fois ses enfants et ses petits-enfants. Quelle délicieuse recherche pour un homme dont tous les plaisirs gisaient dans l'inceste ! On les présente donc l'un et l'autre à ses luxurieuses entreprises : Laurette, leur mère, et madame de Verneuil, devaient contenir les holocaustes. Victor était chargé d'humecter les voies, et de guider le dard de son père dans les routes voluptueuses qu'allaient présenter son frère et sa sœur. En attendant que tout se prépare, Verneuil, pour se ranimer, jouit des plaisirs passifs de Sodome. John et Constant l'enculent tout à tour ; il veut que Justine lui suce la bouche et lui branle le vit pendant ce temps-là. En peu de minutes notre complaisante héroïne rend à la vie ce triste invalide de Cythère ; et les deux meilleurs soufflets qu'elle ait reçus de ses jours, deviennent les gages de la reconnaissance qui lui est due. Parfaitement excité, le drôle s'élance du même bond sur la petite fille de sept ans. Les prémices du cul sont ceux qui s'offrent les premiers. Victor guide, avec une incroyable adresse, le membre effrayant de son père au trou mignon qu'on lui fait voir ; mais quelles que soient l'adresse de l'un et l'agilité de l'autre, l'attaque paraît impossible. Cependant la victime, parfaitement contenue, ne peut offrir aucune résistance ; sa défaite devient donc certaine ; elle l'est effectivement ; et le monstre, à force de pommade, disparaît en trois tours de reins dans l'antre étroit des plaisirs de Gomorrhe. Marceline remplace aussitôt Laurette dans l'emploi de contenir le sujet. Pour mieux exciter son père dans les plaisirs qu'il goûte à jouir de sa fille, elle lui fait baiser les superbes fesses d'un enfant plus rapproché de lui d'un degré que celle qu'il sodomise. Victor, qui n'a plus besoin là, vient, en enculant son père, placer Verneuil entre les deux résultats de sa couille. Mais la férocité de cet incestueux, qui ne peut-être une minute sans aliment, exige que Gernande fouette devant lui Marceline, c'est-à-dire, la grand-mère de celle dont il travaille l'anus ; et Gernande, dont on connaît les goûts sanguinaires, veut, pour faire couler plus tôt le sang, n'employer sur le gros cul de cette femme, qu'un martinet à pointes de fer.
- Je voudrais bien, dit Verneuil, toujours en foutant, que d'Esterval, pour achever de m'irriter, saisît le cul de ma femme dans la posture où la voilà, et qu'il l'étrillât d'importance.
- Ne pourrais-je pas, dit Bressac, rendre le même service à Laurette ? son attitude étant semblable, je puis la saisir de même.
- Assurément, répond Verneuil ; mais il faudra donc que Dorothée vienne foutre Victor de son délicieux clitoris.
- Bon, dit John ; et moi, j'enculerai Dorothée.
- En face de vous tous, dit Constant, je vais, si cela plaît, sodomiser Justine.
- Sous les conditions, dit Verneuil, que tu t'environneras de bardaches, qui, par leur attitude, m'offrirons leurs fesses à baiser.
- Bien de plus aisé, dit une des vieilles en disposant tout ; et nous, ajouta-t-elle en parlant de ses trois compagnes, nous allons parcourir les rangs, les verges à la main, pour vous exciter davantage.
- Non, non, dit Verneuil ; j'aime mieux qu'elles se troussent au-dessus de moi ; je veux que les rides de leurs vieux culs forment, avec les beautés que j'ai sous les yeux, le contraste le plus agréable à la véritable luxure. Vous chierez, garces, entendez-vous ; vous vesserez, vous péterez, pendant que mon foutre coulera.
Et tout étant ainsi disposé, le coquin, bandant à merveille, veut cueillir du même coup l'une et l'autre fleur. Les cruels projets de cet ours s'accomplissent bientôt ; et la pauvre petite Rose, flétrie de toutes parts dans un même instant, va porter au sein de sa mère et son déshonneur et ses larmes.
Lili remplace. Toutes les postures varient ; mais la même lubricité les dessine, d'égales infamies les assaisonnent. La crise approche à la fin ; d'étonnants blasphèmes la préparent. Verneuil décharge comme un taureau, et veut qu'au sortir du cul de son petit-fils, ce soit la bouche de Justine qui purifie son engin merdeux. « Remplace-moi », dit-il à Victor, « mon fils, fous mes deux enfants ; je me sens encore la force de t'enculer pendant ce temps-là, pourvu que ma femme gamahuche le trou de mon cul, et que je lèche celui de ma sœur. » De nouveaux groupes entourent ces derniers écarts de luxure ; et, après quelques instants de calme et de rafraîchissements, on procède au dernier acte de ces délicieuses orgies.
Oh ! juste ciel ! par quelles horreurs elles vont se terminer.
Un vaste fauteuil à cinq places, construit de manière que ceux qui y sont placés se trouvent dos à dos, est élevé au milieu du salon. Bressac, Gernande, Verneuil, d'Esterval et Dorothée s'asseyent dans ce siège. Chacun de ces individus place un giton entre ses jambes ; John, Constant et Victor papillonnent autour. Un cercle environne ce large fauteuil, en ne laissant qu'un pied d'intervalle entre ce siège et lui. Ceux qui forment ce cercle sont mesdames de Verneuil et de Gernande, Justine, Laurette, Marceline, Cécile, Lili, Rose, et les quatre vieilles, qu'on fait mettre nues ; tous ces malheureux êtres se tiennent par la main. Tel est l'état dans lequel Gernande veut qu'ils soient pour être saignés tous les douze à la fois des deux bras ; ce qui va former vingt-quatre fontaines, dont les flots rejailliront sur les scélérats placés dans le fauteuil. Les deux tristes épouses veulent se récrier sur l'atrocité de ces excès ; on rit de leurs remontrances ; et la scène ne s'en prépare pas moins. Verneuil y désire du raffinement.
- Je veux, dit-il, que mon fils Victor saigne lui-même sa mère et ses sœurs.
- De ses jours il n'a touché de lancettes, s'écrie madame de Verneuil.
- Tant mieux, répond méchamment Gernande ; c'est là précisément ce qu'il nous faut.
Le jeune Victor, empressé de concourir à cette scélératesse, assure qu'il s'en tirera tout aussi bien que son oncle. L'opération commence ; M. de Gernande se lève, et la dirige. Victor débute sous les yeux de son maître, qui, méchamment, lui branle le vit, pendant qu'il opère, afin que la luxure, agitant ses nerfs, le contraigne à trembler et à estropier quelqu'un. Gernande achève ; les jets partent presque à la fois de tous les bras. Le phlébotomiseur revient se placer ; et voilà nos cinq libertins, couverts de sang, qui s'excitent à ce spectacle, pendant que leurs gitons les sucent, et que Victor, les verges à la main, parcourt le cercle à revers, pour empêcher, à force de coups, que les victimes ne perdent connaissance. Rien n'égale l'audace dont cet énergumène frappe indistinctement tous les culs ; frère, mère, sœur, rien n'est épargné par son bras vigoureux. Cependant nos libertins de l'intérieur du cercle sont absolument inondés de sang, ainsi que les gitons qui les amusent ; John et Constant, dont ils branlent les vits, en sont également couverts ; on ne l'a jamais vu couler avec tant d'abondance. En ce moment, Cécile chancelle, elle tombe, malgré tous les efforts de ceux qui sont auprès d'elle pour la retenir.
- Ah ! dit Verneuil, qui bandait ferme à ce spectacle, ah ! sacredieu, je gage que ma fille est perdue ; ce petit étourdi l'aura manquée ; le voilà fratricide, pour son coup d'essai.
- Rien n'est plus certain, dit Gernande.
- Ah ! double foutu dieu, dit le jeune homme, en couvrant de foutre le visage de sa sœur expirante, sacré bougre de Dieu dont je me fous, jamais je n'eus tant de plaisir.
Ici tous les bras se rebandèrent en hâte. Madame de Verneuil absorbée sur le corps de sa fille, le couvre de larmes et de baisers. On essaie quelques remèdes, et leur parfaite inutilité les fait abandonner aussitôt. Verneuil, très consolé de cette perte, parce que personne ne tenait moins que lui à un objet... surtout quand il en était rassasié, Verneuil demande à son fils s'il l'a fait exprès.
- Non vraiment, dit l'insigne coquin ; je vous prie, cher père, d'être bien persuadé que, si j'avais eu une victime à choisir, c'eût été madame votre épouse... Tout le monde éclate de rire... Et voilà comme on élevait ce jeune scélérat ; voilà comme on l'apprivoisait insensiblement aux plus exécrables forfaits.
- Sacredieu, dit d'Esterval, je suis désolé que cette jolie fille crève si tôt ; j'avais dessein de l'enculer.
- N'es-tu donc pas encore à temps ? dit Bressac.
- Pardieu, tu as raison, dit l'aubergiste ; qu'on me la tienne, et je l'y fais passer.
- C'est moi, mon ami, dit Verneuil, c'est moi qui vous rendrai ce service, en reconnaissance de tous ceux que m'a rendus votre aimable femme. Et, saisissant sa fille moribonde, il la présente à d'Esterval, qui la sodomise aussitôt. Chacun de ces scélérats veut, dans son genre et suivant ses goûts, se permettre d'égales atrocités ; et l'on n'a pas idée des exécrations où se livrent ces monstres, jusqu'au dernier moment, avec cette malheureuse petite fille. Jamais les peuples les plus cruels, jamais les plus féroces anthropophages n'atteignirent à ce degré d'horreur, de cruauté. Elle expire à la fin et les banquettes de la terrasse, dont nous avons précédemment parlé, ensevelissent à jamais le crime épouvantable qui vient de se commettre avec autant d'audace que de frénésie.
Oh ! quelle passion que la luxure ! Si elle est la plus délicieuse de toutes celles dont la nature nous inspire le goût, on peut bien assurer qu'elle est en même temps la plus forte et la plus dangereuse.
Excédés de fatigues, on fut à la fin se coucher. Et Verneuil, auquel une nouvelle idée luxurieuse rendait aussitôt toutes ses forces, ainsi que nous l'avons déjà dit, voulut absolument passer la nuit avec sa fille Laurette, qui, de tout ce qui est là, est celle qui possède le mieux l'art de l'électriser. Chacun s'arrange à peu près de même ; et Justine a l'honneur de partager la couche de Dorothée, qui ne peut se rassasier d'elle.